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"On n'y arrive plus": à Ronchin, des gens du voyage installés près d'usines craignent pour leur santé

Installés près de plusieurs usines, les habitants du camp des gens du voyage de Ronchin appellent à l'aide, craignant pour leur santé.

Entourés d'une centrale à béton et d'une briqueterie, les gens du voyage du camp de Ronchin alertent les autorités de leurs conditions de vie dangereuses. Ils craignent des conséquences directes sur la santé de leurs enfants.

"On les voit mal respirer, on les voit tousser, c'est quand même difficile. Il n'y a pas que la mienne (...) il y a eu mon cousin qui a eu un an avant-hier, qui prend de la ventoline, qui est asthmatique", témoigne une habitante au micro de BFM Grand Lille.

"On n'y arrive plus, on ne veut plus, c'est inimaginable", avertit-elle.

Les femmes de l'aire d'accueil ont créé un collectif pour obtenir un nouveau terrain bien avant 2025, année qui signera la fin du schéma départemental d'accueil des gens du voyage. Elles estiment que leur mode de vie est en danger.

"Ça ne changera pas"

"Beaucoup vont faire le choix de la maison dans un mois, je sais très bien que les gens d'ici seront relogés seulement quand le schéma départemental sera fini", anticipe Sue Ellen Demestre, porte-parole du collectif Da so vas.

"Ils nous disent à chaque fois 'oui on va vous reloger', 'oui on vous comprend', mais ça fait 17 ans que ça dure. Ils ne font rien pour autant, ça ne changera pas", affirme-t-elle.

De son côté, l'élu Patrick Delebarre, référent de la métropole lilloise pour les gens du voyage, affirme que si la relocalisation est actée dans le schéma départemental, trouver d'autres terrains reste complexe selon lui.

Une aire "parmi les pires" de France

À l'origine, des familles avaient établi un campement "sauvage" sur un terrain tout proche pour y passer l'hiver. En 2007, une aire d'accueil est créée, la loi Besson imposant aux communes de plus de 5.000 habitants d'en disposer.

Rapidement, les occupants ont déchanté face aux maladies qu'ils estiment provoquées par les rejets de la centrale à béton. Mais faute d'autre solution et pour scolariser les enfants, ils prennent racine. Jusqu'à ce qu'en 2013, les Briqueteries du Nord s'installent à Ronchin.

Aucun lien officiel n'a été établi entre l'état de santé des résidents et la pollution du site. En novembre 2020, la préfecture a demandé à la société bétonnière CCB d'évaluer à ses frais ses émissions. 

Les mesures seront réalisées "au deuxième trimestre 2023", assure CCB. Jusque là, aucun bureau d'études n'a accepté d'intervenir en raison du "risque de dégradation" du matériel par les résidents, plaide la société. 

Pour William Acker, juriste issu de la communauté des gens du voyage, le combat des femmes de cette aire, "parmi les pires" de France, est unique "même à l'échelle européenne".

Xavier Silly avec Lucie Beaugé et AFP