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Nord: un Irakien condamné à 18 mois de prison pour avoir transporté du matériel destiné aux migrants

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - AFP

Lors de son arrestation le 17 décembre, l'individu conduisait une voiture contenant des gilets de sauvetage, un canot pneumatique, un moteur de bateau, des gonfleurs et des planches de bois pour rigidifier l'embarcation.

Un Irakien de 42 ans vivant en Allemagne a été condamné vendredi à 18 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Lille pour avoir transporté un bateau pneumatique et des gilets destinés à des migrants souhaitant traverser la Manche.

Le ministère public avait requis trois ans de prison à l'encontre de cet habitant d'Aix-la-Chapelle (ouest de l'Allemagne), arrêté à la frontière franco-belge le 17 décembre en provenance de Cologne. Il conduisait une voiture contenant des gilets de sauvetage, un canot pneumatique, un moteur de bateau, des gonfleurs et des planches de bois pour rigidifier l'embarcation.

Décrit comme "une seconde main" d'un réseau de passeurs

Le procureur de la République de Lille a estimé que le prévenu était "la face émergée" d'une "économie souterraine extrêmement lucrative" de passeurs, qui "exploitent la misère humaine pour de l'argent".

L'homme serait une "seconde main", selon son avocat Me Dimitri Betremieux. Il a avoué un autre voyage entre Cologne et la côte d'Opale la veille de son interpellation pour transporter un bateau et le déposer près de la côte.

Son téléphone a effectivement été détecté dans la nuit du 15 au 16 décembre à différents points des côtes françaises, où des migrants ont ensuite tenté de prendre la mer.

Relaxé pour "mise en danger d'autrui"

Selon ses dires, ce cuisinier aurait été approché deux jours plus tôt sur son lieu de travail par "un jeune homme arabe" lui proposant 500 euros par trajet.

Le prévenu a accepté car il avait "des dettes en Allemagne" auprès du Trésor public et a prétendu qu'il ne "savait pas à quoi ce matériel allait servir". Il a ensuite "demandé pardon pour ses erreurs."

Il comparaissait aussi pour "mise en danger d'autrui", mais a été relaxé. Selon Me Betremieux, ce deuxième chef d'accusation "ne tenait pas juridiquement". L'avocat souhaitait d'ailleurs qu'on ne "déchaîne pas contre [son] client toute la gravité de l'organisation avec laquelle il a pu flirter de près ou de loin".

La peine finalement prononcée, que Me Betremieux considère comme "juste" et "acceptable", est assortie de cinq ans d'interdiction d'entrée sur le territoire français.

Onze tentatives de traversée de la Manche ont impliqué 339 migrants dans la seule nuit du 15 au 16 décembre, selon le procureur de la République de Lille, seulement trois semaines après le naufrage d'une embarcation ayant coûté la vie à 27 personnes au large de Calais.

L.C avec AFP