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Nord: prison requise contre les dirigeants d'une mosquée pour "abus confiance"

La mosquée de Villeneuve-d'Ascq.

La mosquée de Villeneuve-d'Ascq. - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Les prévenus sont poursuivis pour des investissements locatifs interdits destinés à financer l'établissement religieux et un prêt de 200.000 euros au lycée musulman Averroès.

Le parquet a requis ce jeudi 8 février la prison ferme contre quatre dirigeants de la mosquée de Villeneuve-d'Ascq (Nord), poursuivis pour des investissements locatifs interdits destinés à financer l'établissement religieux et un prêt de 200.000 euros au lycée musulman Averroès.

Ces prévenus étaient jugés à Lille pour "abus de confiance", "blanchiment", et trois d'entre eux pour "tentative d'escroquerie". Le parquet a requis six à dix mois de prison ferme accompagnés de 12 à 14 mois de sursis contre eux, et du sursis simple contre un cinquième prévenu, en demandant un aménagement pour qu'ils puissent purger leur peine éventuelle à domicile.

Sur le banc des prévenus: cinq quinquagénaires grisonnants, lunettes pour la plupart et barbes taillées court, dirigeants de longue date du Centre islamique de Villeneuve-d'Ascq (CIV), et pour plusieurs anciens salariés ou parents d'élèves du lycée Averroès.

"Manquements graves"

Les comptes du CIV ont été épluchés après un signalement de la préfecture du Nord en 2022 pointant un manque de transparence dans ses bilans.

La préfecture a décidé fin 2023 de suspendre les subventions d'Averroès en l'accusant de "manquements graves aux principes fondamentaux de la République", mettant son avenir en question.

Dans un rapport de 2023 sur Averroès, le préfet a évoqué la possibilité que le CIV, qui recevait des dons du Koweït ou d'Egypte, ait fait de "faux prêts" à l'établissement afin de servir d'écran à des financements étrangers pour le lycée.

À l'audience, le trésorier de la mosquée, Abdellah Ouafi, a répondu qu'Averroès avait remboursé certains prêts, et que des démarches étaient en cours pour récupérer les 200.000 euros encore dus.

La mosquée a renoncé à ses créances

La mosquée a renoncé à des créances car "le lycée a failli fermer", a-t-il souligné, ajoutant que les adhérents de l'association gérant la mosquée étaient informés de ces prêts, et que les fidèles les soutenaient massivement.

"Si le CIV était une entreprise, Averroès serait une filiale", a assuré un avocat de la défense, Mehdi Ziatt.

En outre, le CIV avait acquis via une SCI deux maisons pour y aménager des studios étudiants, loués afin de s'assurer une "indépendance" financière, a expliqué son président Mohamed Karrat.

Mais le parquet a souligné qu'il était interdit pour une association de faire des investissements locatifs. L'objet social du CIV était de fournir un lieu de culte digne et des services aux fidèles, mais pas de financer un lycée ni des logements étudiants, a martelé la procureur.

F.B. avec AFP