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Nord: accusés d'imposer des conditions de travail indignes, le sort des dirigeants de deux antennes Emmaüs en suspens

À Grande-Synthe, les grévistes d'Emmaüs dénoncent notamment des conditions de travail indignes et un manque d'allocations à la hauteur de leur activité.

À Grande-Synthe, les grévistes d'Emmaüs dénoncent notamment des conditions de travail indignes et un manque d'allocations à la hauteur de leur activité. - BFM Grand Littoral

Dans le Nord-Pas-de-Calais, deux équipes dirigeantes d'antenne locale d'Emmaüs sont menacées après les accusations d'imposer des conditions de travail indignes.

Le sort des équipes dirigeantes de deux antennes locales d'Emmaüs, accusées d'imposer des conditions de travail indignes, sera finalement tranché le 3 octobre, a appris l'AFP jeudi auprès de l'association qui dénonce des "pratiques contraires aux valeurs" du mouvement fondé par l'Abbé Pierre.

Rares, voire inédits, les mouvements de grève entamés cet été par des membres de la communauté Emmaüs de la Halte Saint-Jean à Saint-André-lez-Lille et par ceux de Grande-Synthe, près de Dunkerque, ont braqué les projecteurs sur la situation des compagnes et compagnons au sein de ces deux antennes du Nord.

Le conseil d'administration d'Emmaüs France s'est réuni jeudi pour "échanger" sur les situations dans ces deux communautés, a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'association.

"Afin de respecter les dispositions statutaires régissant le fonctionnement" du mouvement, c'est lors d'une "réunion exceptionnelle" fixée au 3 octobre, que le conseil d'administration "sera en capacité de prendre officiellement de nouvelles mesures vis-à-vis des communautés concernées", a-t-il ajouté.

Plusieurs options sur la table

Parmi les mesures possibles, le lancement d'une "procédure de traitement des conflits" ou une autre "pouvant mener à la suspension à titre conservatoire de la qualité de membre du Mouvement Emmaüs", a précisé ce porte-parole.

Une vingtaine de compagnons, tous en situation irrégulière, sont en grève illimitée depuis début juillet à Saint-André-lez-Lille et accusent la direction locale de les exploiter, sans leur ouvrir de perspective d'insertion.

Une enquête a été ouverte en mai pour "traite d'êtres humains" et "travail dissimulé" et confiée à la Brigade mobile de recherche zonale (BMRZ) et à l'Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI).

Fin août, la communauté de Grande-Synthe a entamé elle aussi un mouvement de grève, auquel participent une vingtaine de compagnons, pour protester contre les conditions de travail.

"Dans cette affaire, on est sur de l'exploitation. Le problème est de traiter dignement ces personnes alors qu'elles travaillent 40 heures par semaine pour 300 euros et sont corvéables à merci", a déclaré à l'AFP Me Ioannis Kappopoulos, avocat des grévistes.

Une troisième antenne, toujours dans le Nord, à Tourcoing, a elle aussi entamé un mouvement de grève, mardi, pour dénoncer des conditions de travail "scandaleuses", selon la CGT, en matière d'hygiène et de charge de travail.

Le président de Saint-André-lez-Lille nie les accusations

Dès l'annonce en juillet de l'ouverture d'une enquête visant Saint-André-lez-Lille, l'association emblématique de lutte contre l'exclusion et la pauvreté avait réagi en annonçant un audit externe et qualifiait les faits évoqués de "particulièrement graves et choquants" s'ils étaient "avérés".

Emmaüs France avait également demandé aux responsables locaux d'Emmaüs de mettre "en retrait" la directrice de la communauté concernée, Anne Saingier, qui est aussi présidente d'Emmaüs Nord-Pas-de-Calais et Picardie.

Les accusations sont rejetées par le président du conseil d'administration de la communauté de Saint-André-lez-Lille, Pierre Duponchel, qui dénonce auprès de l'AFP une "calomnie", des "allégations mensongères" et "un montage fait par trois ou quatre meneurs".

Il réaffirme son soutien à la directrice de la communauté, qui "n'a pas été mise en retrait". L'audit a été refusé dans l'attente de la fin de l'enquête préliminaire du parquet.

Concernant la situation à Grande-Synthe, des bénévoles de l'association ont indiqué, dans un communiqué publié le 7 septembre, partager le "désir de régularisation des compagnons sans-papiers" tout en jugeant "inapproprié" de s'en prendre à la direction, la décision de régularisation dépendant de la préfecture.

T.N. avec AFP