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Lille: des étudiantes lancent une pétition pour dire stop à l'exhibitionnisme aux abords de la fac

Les deux étudiantes lilloises Maelle Daumand (à gauche) et Claire Delacroix (à droite).

Les deux étudiantes lilloises Maelle Daumand (à gauche) et Claire Delacroix (à droite). - BFMTV

Des étudiantes lilloises ont lancé une pétition dans l'espoir de mettre un terme aux faits d'exhibitionnisme dont elles sont victimes aux abords du campus Eductive de Lille. À la fois "terrifiées" et "profondément en colère", elles témoignent pour BFMTV.com.

Vendredi matin, Maëlle Daumand s'apprête à aller prendre un café avant d'aller en cours, comme d'habitude, lorsqu'elle reçoit les messages vocaux paniqués de son amie Claire Delacroix "complètement terrorisée". Et pour cause, la jeune fille de 24 ans vient de croiser la route d'un exhibitionniste dans une ruelle aux abords de son école, Esupcom, située près du jardin des plantes au sud de Lille.

"On marchait quand, tout à coup, nous avons croisé un monsieur en train de se masturber en plein milieu de la passerelle", raconte à BFMTV.com Claire Delacroix. "Mon amie ne l'avait pas vu, elle s'est avancée sur la passerelle à côté de lui tandis que moi j'ai pris une autre direction. J'ai donc pu voir les regards pervers et malsains de ce monsieur en direction de mon amie. Puis je l'ai rejoint et on a commencé à courir".

Capture d'écran de la pétition, montrant les lieux où ont généralement lieu les faits d'exhibitionnisme à Lille.
Capture d'écran de la pétition, montrant les lieux où ont généralement lieu les faits d'exhibitionnisme à Lille. © Pétition

Apeurées, les deux étudiantes se ruent dans leur école, où le directeur (Pascal Toth) les prend en charge "avec beaucoup de bienveillance", comme le rapporte Claire Delacroix. Le chef d'établissement appelle les forces de l'ordre afin qu'elles puissent déposer plainte, même si l'étudiante n'est pas parvenue à filmer l'agresseur à temps, celui-ci étant "parti en courant" lorsqu'elle a sorti son téléphone portable.

"Du dégoût et l'envie de faire quelque chose"

"Sur l'instant, j'étais choquée et abattue", raconte la jeune femme, qui ne s'attendait pas à faire une telle rencontre près de son établissement. "J'en avais déjà eu écho car l'école nous avait prévenus, donc je me méfiais mais sans vraiment me méfier. On se dit toujours que ça n'arrive qu'aux autres".

Ce jour-là, Maëlle Daumand se souvient d'avoir trouvée son amie, de nature joviale et solaire habituellement, "complètement éteinte". "Plus les heures passaient, plus je ressentais des sentiments mêlés. Je ressassais. J'étais à la fois très en colère, puis triste, puis je ressentais du dégoût et l'envie de faire quelque chose", raconte Claire Delacroix. "Surtout de savoir qu'on n'est pas les seules".

Cinq plaintes déposées

En effet, cette agression sexuelle n'est pas la première du genre près de l'école de communication lilloise. À la rentrée dernière, le directeur de l'Esupcom avait mis en garde vis-à-vis de ces faits d'exhibitionnisme qui sévissent depuis l'été dernier. À ce jour, cinq plaintes ont été déposées. L'une des femmes a même été attrapée par le bras.

Sur l'idée de Maëlle Daumand, les jeunes femmes décident d'agir pour mettre un terme à cette situation dangereuse, d'autant qu'une école maternelle se situe à quelques mètres de la ruelle en question. Trois d'entre elles lancent alors une pétition baptisée "Stop aux agressions sexuelles à Lille: protégeons nos étudiants et nos enfants!". Jeudi soir, celle-ci avait déjà récolté près de 7500 signatures, et plusieurs commentaires d'étudiants affirmant eux aussi avoir été victimes de ce ou ces exhibitionnistes.

"On s'est dit: 'c'est pas possible, ça ne peut pas arriver encore et encore!", explique Maëlle Daumand à notre micro.

Une rencontre avec la police et la mairie vendredi

À ce jour, la police, les étudiantes ou l'établissement supérieur ignorent s'il s'agit d'un ou de plusieurs prédateurs sexuels différents, car les descriptions physiques de l'homme en question différent. Claire Delacroix, elle, décrit "un homme entre 35 et 40 ans qui mesure environ 1m85, à l'allure négligée".

"Quand je l'ai vu, j'ai d'abord pensé que c'était un toxicomane car j'en ai déjà vu traîner dans ce coin-là", ajoute-t-elle. Ce qui est sûr, c'est que les faits ont toujours lieu à peu près au même endroit, à savoir "sur la passerelle, au fond de l'impasse de l'Observatoire qui surplombe l'autoroute A25", et qu'il existe de fortes corrélations entre les différents témoignages.

"J'appréhende énormément de me promener seule dans les rues de Lille. Je ne peux plus passer par là, c'est terminé", lance Claire, qui dit être devenue très très vigilante. Lorsqu'elle rentrera chez elle, la jeune femme ne compte plus emprunter cette ruelle (un raccourci) pour se rendre à l'école, mais plutôt des rues animées où se trouve du monde.

Les trois étudiantes ont rendez-vous vendredi matin avec la mairie de Lille, la police municipale et nationale, ainsi que le directeur du campus. Elles réclament un renforcement de la sécurité autour de ces lieux d'agression, et dans l'idée un système de caméra de vidéosurveillance, et de la prévention pour les écoles aux alentours.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV