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"Je suis choqué": lycéens et professeurs témoignent après l'attaque au couteau dans un lycée d'Arras

Une attaque à coups de couteau a eu lieu ce vendredi 13 octobre, aux alentours de 11 heures, au lycée Gambetta d’Arras. Un enseignant est mort et plusieurs autres personnes ont été blessées. Le suspect ainsi que son frère ont été interpellés.

Un enseignant a été tué ce vendredi 13 octobre et deux autres personnes ont été blessées dans une attaque au couteau au lycée Gambetta d'Arras (Pas-de-Calais). L'auteur présumé, fiché S, a été interpellé.

L'émotion est forte dans toute la ville, en particulier au lycée. Un élève, présent au moment de l'attaque, a témoigné au micro de BFMTV. "J'étais en cours de sport et l'alarme intrusion a sonné. J'ai cru que c'était comme d'habitude un exercice donc on a pris ça à la légère", se souvient Marius.

"On a été confinés dans les vestiaires du gymnase et comme les fenêtres donnent sur la rue on a entendu les voitures et sirènes passer. On a commencé à recevoir des messages de ce qui avait pu se passer, des vidéos, on a compris", explique le jeune.

Il indique avoir passé "une heure très longue", "tout le monde était très inquiet". Avec ses camarades, il explique avoir reçu peu d'information, ils savaient simplement qu'il y avait eu une attaque "et que des personnes étaient rentrées" dans l'établissement.

"Je suis choqué, j'ai encore du mal à réaliser que ça a pu arriver là, j'aurais jamais cru, je suis très triste pour ce que ça représente, ça fait peur de se dire qu'il y a des choses qui arrivent comme ça et qu'on ne le voit pas que à travers les médias, mais que ça peut arriver là dans mon lycée".

"C'est traumatisant"

Un autre lycéen a été interpellé lors de son arrivée dans l'établissement lorsqu'il constate un "amas de collégiens" dans la cour. Ces derniers, dont beaucoup sont paniqués, lui expliquent que quelqu'un a été victime d'un coup de couteau.

Arrivé dans sa salle de classe, il prévient sa professeure avant que l'alarme ne retentisse. "On n'y croyait pas trop à l'alarme, parce qu'il y a une semaine de ça, le proviseur et le proviseur adjoint nous avaient dit qu'il y allait avoir des tests", explique-t-il au micro de BFMTV.

Prévenu par les collégiens quelques minutes auparavant, l'adolescent prend vite les choses au sérieux et décide de barricader la salle à l'aide de deux tables et une chaise.

Sur les réseaux sociaux, les élèves voient alors les images et se rendent compte petit à petit de ce qu'il s'est passé dans leur lycée. "On regarde par la fenêtre et on voit une flaque de sang."

"Je ne comprend pas son acte, c'est incompréhensible", continue-t-il. "Psychologiquement, ça fait mal. Savoir que ça s'est passé dans ta ville, ton lycée, où c'est censé être sécurisé... C'est vraiment traumatisant."

"Lundi, je vais partir en cours, même si demain ça va être nettoyé, je vais avoir des flash-back, c'est traumatisant", insiste le lycéen. Le jeune homme n'est sorti de l'établissement qu'aux alentours de 14 heures.

"J'ai fini comme j'ai pu mon cours"

Fabien Dufay, professeur d'EPS au lycée Gambetta donnait un cours à l'extérieur de l'établissement au moment de l'attaque. "J'ai un collègue qui m'a demandé 'est-ce que vous êtes aussi confinés?', je lui ai dis 'non on n'est pas concerné'. Puis je lui ai dis, 'ça doit être un exercice, on en a souvent des exercices'", explique l'enseignant.

Mais très vite, il reçoit des nouvelles de ses collègues qui lui indiquent la situation. "On a commencé à avoir des informations de qui étaient les victimes", indique le professeur. "J'ai fini comme j'ai pu mon cours", puis il est rentré au lycée avec ses élèves.

Il se pose désormais des questions: comment ça va se passer? "Il reste une semaine avant les vacances scolaires." Comment réagir face aux élèves? Il souhaite retrouver certains collègues pour pouvoir discuter.

Interrogé sur l'auteur présumé des faits, Fabien Dufay indique l'avoir "eu" dans sa classe il y a trois ans, en terminale. "Si c'est bien cet élève-là, il était réservé, calme". Le professeur avait avec lui des discussions sur "le sport".

Une scène "d'horreur"

Un autre professeur indique, au micro de BFMTV, avoir vu l'assaillant dans la cours de récréation. "J'ai voulu m'approcher pour intervenir en lui demandant d'arrêter immédiatement et j'ai été repoussé par quelqu'un qui avait déjà voulu intervenir", raconte Martin Doussau, professeur de philosophie au lycée Gambetta.

Par la suite, il explique avoir été poursuivi par l'agresseur qui lui a demandé s'il était professeur d'histoire. "T'es professeur d'histoire, t'es professeur d'histoire" lui crie l'auteur présumé. Martin Doussau se réfugie dans l'établissement en se barricadant. "Ensuite il est retourné vers la personne qu'il avait commencé à agresser mais sans aller plus loin", selon le professeur, "il discutait" avec la victime.

Le professeur de philosophie indique "avoir découvert l'horreur" en sortant. Son collègue était "sous un drap", tout le monde "était en état de choc". Toute la scène aurait duré "10 minutes" selon lui.

Martin Doussau a tout de suite pensé "à Samuel Paty". "Quand il s'est retourné en me demandant si j'étais prof d'histoire (...) à ce moment-là j'ai eu le sentiment qu'il y avait un problème de type politique", confie l'homme.

Alicia Foricher, avec Juliette Moreau Alvarez