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Féminicide à Douai en 2021: la famille porte plainte contre quatre policiers pour "non-assistance à personne en péril"

Participants à la marche blanche, le 12 juin 2021 à Douai, après la mort d'Aurélie L, 33 ans, tuée par son concubin.

Participants à la marche blanche, le 12 juin 2021 à Douai, après la mort d'Aurélie L, 33 ans, tuée par son concubin. - DENIS CHARLET © 2019

Aurélie Langelin, âgée de 33 ans, avait été retrouvée dénudée et couverte d'ecchymoses au domicile de son conjoint, déjà poursuivi pour violences à son encontre.

La famille d'une femme découverte morte à Douai en mai 2021 et dont le compagnon est mis en examen pour homicide, a porté plainte pour non-assistance à personne en péril contre quatre policiers, a annoncé mercredi son avocat à l'AFP.

La plainte, déposée mardi et consultée par l'AFP, vise quatre policiers qui sont intervenus au domicile du compagnon de cette jeune femme, Aurélie Langelin, quelques heures avant son décès, après l'appel d'une voisine qui se plaignait de menaces de la part de cet homme.

L'homme déjà poursuivi pour violences à son encontre

Âgée de 33 ans et mère d'une adolescente de 14 ans, Aurélie Langelin avait été retrouvée morte le 31 mai 2021, couverte d'ecchymoses, au domicile de son compagnon, condamné à de nombreuses reprises notamment pour vols, menaces et violences. Peu avant, la victime avait déposé plainte contre lui pour des menaces de mort.

Il n'est "pas contestable que la mort d'Aurélie Langelin est survenue parce que les fonctionnaires de police (...) ne lui ont pas porté secours alors qu'elle se trouvait objectivement exposée à un risque", peut-on lire dans la plainte, déposée par Me Damien Legrand.

Ces policiers ont constaté que l'homme, fortement alcoolisé, tenait des propos inquiétants et ont vu la jeune femme dans son appartement avec un "coquart à l'oeil", mais ont choisi de ne rien faire, maintenant au contraire la victime en présence de son agresseur, en lui demandant de rester chez lui et de ne plus importuner les voisins, pointe l'avocat.

Des manquements de la part des policiers pointés du doigt

Ces policiers avaient connaissance des violences exercées par cet homme sur sa compagne car l'un d'entre eux était déjà intervenu en avril 2020 après qu'il l'eut rouée de coups, accuse-t-il encore. L'avocat souligne également que les policiers n'ont même pas mentionné ce "coquart" dans la main courante suivant leur intervention.

"Je doute qu'elle avait une seule marque de coup car le lendemain on la trouve avec 140 ecchymoses, mais même un seul coup est de nature à justifier l'intervention", estime Me Legrand.

Le dépôt de cette plainte fait suite à la réalisation d'une mission d'évaluation par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), versée au dossier par la juge d'instruction fin 2022, selon l'avocat.

Ce rapport ne conclut à aucune faute, mais l'IGPN "s'est contentée d'entendre les policiers concernés, sans aucune autre investigation", déplore Me Legrand, estimant donc que seule une enquête pénale permettra de faire la lumière sur leurs responsabilités.

Contacté par l'AFP, le parquet de Douai n'a pas répondu dans l'immédiat.

J.V. avec AFP