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Ce que l’on sait des accusations d’atteintes sexuelles sur des enfants contre une animatrice de Cuincy

Une animatrice périscolaire de 21 ans de Cuincy (Nord) a été mise en examen pour atteintes sexuelles sur 11 petites filles.

Une animatrice de 21 ans de l’école primaire Joliot-Curie de Cuincy (Nord) a été mise en examen et placée en détention provisoire pour atteinte sexuelle sur onze fillettes âgées de 7 à 10 ans. L’alerte a été donnée fin novembre.

· Des accusations de plusieurs élèves

Il est l’heure de la pause méridienne ce jeudi 23 novembre à l’école primaire Joliot-Curie. Les élèves mangent à la cantine quand un petit groupe d’élèves se met à pleurer.

"Une personne du périscolaire est allée les voir et quand elle a su la situation, elle a immédiatement prévenu l’enseignante", détaille la maman d’une des petites victimes présumées auprès de BFMTV.

Les enfants sont isolés et les langues se délient. Depuis plusieurs semaines, une animatrice les prendrait en photo, les forcerait à l'embrasser, à la toucher. Et elle leur montrerait également des vidéos pornographiques. Le directeur et la cheffe de cantine sont prévenus.

Le maire de Cuicy, Claude Hego, est aussitôt informé des agissements de l’animatrice de 21 ans. Elle est suspectée d’atteintes sexuelles sur plusieurs fillettes de l’école primaire. L’élu prend immédiatement des mesures d’urgence pour écarter la mise en cause de ses fonctions, a appris BFMTV auprès du maire.

· Les parents d’élèves informés par l’enseignante

Les parents apprennent l’information à la sortie des classes, vers 16 heures. C’est l’enseignante qui leur rapporte la situation. "Elle nous a expliqué que les enfants se sont mis à parler à plusieurs", détaille une maman à BFM Grand Lille. "Ils lui ont expliqué qu’ils n'en pouvaient plus".

L’enseignante conseille aux parents concernés d’évoquer les faits avec leurs enfants. De retour à la maison, une enfant de 8 ans, scolarisée en CE2 dans l’établissement, rapporte d'elle-même les événements à sa mère.

"Elle s’est livrée en pleurs, rapporte-t-elle à BFMTV. Elle m’a expliqué ce qu’elle leur faisait: des bisous forcés sur la bouche, avec ou sans la langue, des caresses, des pincements de fesses."

Elle leur aurait également montré "des vidéos pornographiques sur TikTok", poursuit la mère de famille. "Elle leur a expliqué comment l'acte sexuel se passait dans tous les détails, comment on met un préservatif ou comment se déroule une césarienne", ajoute-t-elle.

Sa fille se livre et fournit des détails glaçants. "Elle emmenait dans les toilettes certaines petites filles et l’une d'elles a dit qu’elle avait été touchée", livre la mère de famille.

Les enfants n’ont pas remonté les faits "car elle les menaçait de tuer leurs parents", rapporte la mère de famille. L'animatrice aurait menacé les fillettes de "représailles" précisant "que c'était elle l'adulte et eux les enfants et que personne ne les croirait".

Une autre maman rapporte à BFMTV avoir discuté longuement avec sa fille. "Elle m'a dit que cette fille lui avait touché la cuisse." Ce geste, l’animatrice l’aurait accompagné de mots crus.

"Elle la prenait en photo, poursuit la mère de famille. Elle faisait des Snap avec et elle appelait son copain en vidéo et lui demandait de lui parler."

"Quand elle me l’a avoué, elle m’a dit ‘maman je suis soulagée, ça m'a fait du bien de te le dire'", conclut la mère de famille.

· L’animatrice mise en examen

Dès sa connaissance de l’affaire, Claude Hego, le maire de Cuincy, signale les faits à la police et au procureur de la République de Douai. Le parquet ouvre en urgence une enquête qu’il confie à la brigade des mineurs du commissariat de Douai, a appris BFMTV auprès du parquet de Douai.

Au total, 11 victimes, des fillettes âgées de 7 à 10 ans, sont identifiées. Leurs parents sont immédiatement entendus. L’animatrice de 21 ans est placée en garde à vue. Au cours de son audition, cette dernière nie les faits.

Le 30 novembre, une information judiciaire est ouverte pour atteintes sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans et corruption de mineurs de moins de 15 ans aggravées par la circonstance que ces faits sont commis dans un établissement scolaire.

Face au juge, la mise en cause continue de nier les faits. Elle est mise en examen et placée en détention provisoire.

· Aucune formation pour s’occuper des enfants

L’animatrice avait rejoint l’établissement deux mois plus tôt au mois de septembre, rapportent nos confrères de RMC. D’abord comme femme de ménage, puis comme animatrice. Elle assurait l’accueil des enfants pour remplacer les personnes absentes.

L’organisation prévoit qu’un cas d’absence des animateurs en dernière minute, ou de personnes diplômées du BAFA, l’établissement scolaire s’adapte avec le personnel disponible. C’est comme cela que la jeune femme alors agent d’entretien s’est retrouvée animatrice.

D’après Claude Hego, la jeune femme de 21 ans était systématiquement accompagnée par des collègues dans les premiers temps. "De fin septembre jusqu’à fin octobre, elle avait déjà encadré des enfants à l’école maternelle. Et ça n’avait posé aucun souci d’encadrement", rapporte-t-il à RMC.

Claude Hégo confie que la jeune femme ne disposait d’aucune formation spécifique pour s’occuper des enfants mais elle se trouvait en immersion avec d’autres animateurs.

D’après l’une des mamans interrogée par BFMTV, les agissements auraient commencé six semaines avant que l’affaire n’éclate. "Depuis qu’elle est arrivée, quasiment, au service au niveau de l’animation de l'école, affirme-t-elle. Au début, c’était du copinage avec des câlins, puis ça s’est transformé."

· Les parents "très en colère"

"On est très en colère", rapporte une mère. Les familles reprochent un manque de communication de la part de l’établissement scolaire.

"Au niveau de la mairie, ils n’ont pas fait leur travail correctement, s’agace une autre. On n’a pas été averti à temps. Les parents sont les mieux placés pour les réconforter mais ils ont passé l’après-midi avec la maîtresse, terrorisés et apeurés", explique une autre.

"Le maire n'a pris aucune nouvelle de nos enfants le lendemain matin (...) Il n'a pas voulu mettre en place de cellule psychologique", regrette-t-elle.

Après les faits, "on se pose beaucoup de questions, rapporte-t-elle. On se demande comment se passe le recrutement à la mairie? Comment a-t-elle fait pour arriver à l’animation sans diplôme?" Une question hante désormais son esprit: "les autres animateurs sont-ils diplômés?".

Une réunion a été organisée dès le vendredi avec le maire et le directeur de l'école. Une Réunion qui n’a pas suffi à éteindre la colère.

"On a plus confiance de tout", rapporte une mère de famille, qui n'a pas pourtant d'autre choix que de mettre sa fille à la cantine en raison de son activité professionnelle.

Chloé Giraud, Maxime Brandstaetter, Marine Kijek avec Charlotte Lesage