BFMTV
Environnement

"Un consensus quasi-total": le réchauffement climatique derrière l'effondrement d'un glacier en Italie

Le glacier de la Marmolada ce lundi 4 juillet 2022.

Le glacier de la Marmolada ce lundi 4 juillet 2022. - Pierre TEYSSOT / AFP

Après l'effondrement d'une partie du glacier de la Marmolada, le plus grand des Alpes italiennes, dimanche, les scientifiques pointent du doigt le réchauffement climatique comme cause du drame.

Au moins sept personnes sont mortes et huit ont été blessées dimanche dans l'effondrement du glacier de la Marmolada, le plus grand des Alpes italiennes. Une catastrophe en lien avec le réchauffement climatique, a affirmé Mario Draghi, présent sur place. Car c'est après un record de température de 10°C au sommet du glacier que le désastre s'est produit.

En pleine vague de chaleur précoce sur la péninsule italienne, l'effondrement est "sans aucun doute" lié à "la dégradation de l'environnement et de la situation climatique", a déclaré le Premier ministre italien, qui a exprimé son "soutien" aux familles des victimes.

Une affirmation partagée par la majorité des scientifiques, selon Mikaa Mered, enseignant en géopolitique des Pôles et des Outre-mer à Science Po, invité de BFMTV ce lundi soir.

"L'hiver a été particulièrement aride dans les Alpes. Les glaciers ont déjà perdu en grande partie leur couverture de neige qui les protègent pendant l'été. On a affaire à un glacier très fragile, directement exposé aux fortes températures. Il y a eu énormément d'eau de fonte qui a pu s'accumuler dans le glacier et créer ce phénomène", a-t-elle souligné sur notre antenne. "Ces événements-là constituent une nouvelle normalité qui va être de plus en plus fréquente, avec des impacts de plus en plus importants", a-t-il poursuivi.

Hiver aride et accumulation de l'eau

La tragédie "est la conséquence des conditions météorologiques actuelles, c'est-à-dire un épisode de chaleur précoce qui coïncide avec la problématique du réchauffement climatique", a expliqué à l'Agence France-Presse (AFP) le professeur Massimo Frezzotti, du département des sciences de l'université Roma Tre. "Nous avons connu un hiver extrêmement aride, avec un déficit de précipitations de 40 à 50%. Les conditions actuelles du glacier correspondent à la mi-août, pas à début juillet", a ajouté le chercheur. Une explication également partagée par la glaciologue Heide Sevestre.

"L'hiver a été particulièrement aride dans les Alpes. Les glaciers ont déjà perdu en grande partie leur couverture de neige qui les protègent pendant l'été. On a affaire à un glacier très fragile, directement exposé aux fortes températures. Il y a eu énormement d'eau de fonte qui a pu s'accumuler dans le glacier et créer ce phénomène", a-t-elle souligné sur notre antenne.

Or, la réaction des glaciers "n'est pas linéaire par rapport à l'augmentation des températures", explique la spécialiste: "Il peut donc y avoir des phénomènes dramatiques comme le décrochement du glacier."

Vers une disparition des glaciers?

"L'environnement change plus vite qu'on ne peut s'en protéger", met en garde le professeur Massimo Frezzotti, qui appelle à prendre collectivement compte de ce qui attend la planète dans les prochaines années.

Concernant spécifiquement les montagnes, l'alpiniste Laurence de la Ferrière a indiqué, sur notre antenne, qu'il allait falloir "revoir notre manière d'aborder la montagne et l'alpinisme avec ces nouvelles données". "Ce qu'on faisait il y a trente ans, on ne peut plus le faire aujourd'hui", appuie-t-elle.

"Aujourd'hui on est très clairement en train d'accélérer la disparition des glaciers des alpes européennes. Et vu la direction qu'on est en train de prendre avec l'augmentation globale des émissions de gaz à effet de serre, il se peut que la majorité de ces glaciers aient disparu dans les 70-80 ans à venir", craint la glaciologue Heide Sevestre.

Clément Boutin Journaliste BFMTV