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Trafic routier: les cyclistes et piétons plus touchés par la pollution, selon une étude

Selon les chercheurs, cela est dû au fait que sur un vélo ou à pied, l'activité physique est plus importante qu'à moto ou en voiture, ce qui entraine une augmentation de la ventilation, donc de l'inhalation de plus de polluants.

Comparés aux autres modes de transport, la marche à pied et surtout le vélo entrainent l'usager à l'inhalation de davantage de carbone suie, un polluant qui appartient à la famille des particules fines, d'après des travaux de chercheurs français de l'Inserm, publiés dans la revue scientifique Environment International.

"L’augmentation de la ventilation due à l’activité physique entraîne l’inhalation de quantités plus importantes de ce polluant", explique l'Inserm dans un communiqué.

Le carbone suie, un polluant issu du trafic routier, "appartient aux particules fines", explique AirParif, un organisme de surveillance de la qualité de l'air. Il note que "ses faibles dimensions lui confèrent les mêmes capacités que les particules fines et ultrafines à pénétrer profondément dans l’appareil respiratoire et à s’y déposer", ce qui peut provoquer des maladies respiratoires. "La taille de ces particules est également favorable à leur passage dans le sang à travers la paroi alvéolaire, favorisant les risques cardio-vasculaires", est-il également écrit.

"Le vélo est associé à l’inhalation de carbone suie la plus élevée"

Pour mesurer l'exposition au carbone suie selon le mode de transport, les chercheurs n'ont pas seulement mesuré la quantité de ce polluant à laquelle étaient exposés les différents usagers, mais la quantité qu'ils inhalaient. Et selon leurs résultats, ces deux données ne donnent pas les mêmes conclusions.

Ainsi, "l’utilisation d’un véhicule motorisé privatif est associé à une inhalation moindre de carbone suie, alors que ce mode est associé à une concentration plus importante comparée à la marche".
Graphique représentant l'inhalation de carbone-suie selon le mode de déplacement. La mesure concernant le vélo ou encore le skate board se trouve dans la catégorie "other active mode".
Graphique représentant l'inhalation de carbone-suie selon le mode de déplacement. La mesure concernant le vélo ou encore le skate board se trouve dans la catégorie "other active mode". © Environment International

Pour arriver à ces résultats, ils ont suivi 283 participants durant 6 jours chacun, "pendant leurs trajets et entre deux trajets", explique l'Inserm, "un capteur porté en bandoulière à l’épaule par chaque participant a permis de mesurer la concentration aérienne de carbone suie au niveau de leur zone de respiration". Et "au final ce sont presque 7500 segments de déplacements qui ont été analysés".

D'après leurs conclusions, si un usager est plus exposé au carbone suie dans le métro ou dans un transport motorisé, "le vélo est associé à l’inhalation de carbone suie la plus élevée (+0,41 µg pour 30 minutes de trajet par rapport à la marche), alors que d’autres modes de transport en commun (à l’exception du métro toutefois) impliquent une inhalation moindre de carbone suie", par exemple "-0,94 µg pour le tramway pour 30 minutes de trajet comparé à la marche".

"L'activité physique importante et une exposition relativement importante au trafic routier"

Pour Basile Chaix, directeur de recherche à l'Inserm à l'origine de l'étude, cette différence est due au fait que "l'activité physique importante et une exposition relativement importante au trafic routier fait que, effectivement, dans cette étude, les cyclistes inhalent une quantité plus importante de carbone suie".

Il note toutefois que ces travaux ne mesurent l'exposition qu'à ce polluant, et qu'il faut prendre en compte d'autres éléments avant de remettre en cause la pratique du vélo comme: "l’exposition au bruit, le stress dans les transports et l’activité physique réalisée, pour laquelle la pratique de la marche et du vélo est largement recommandée".

Interrogée par BFMTV, Camille Hanuise, présidente de l'association Paris en Selle, souligne que, "de manière générale, quand on construit une piste cyclable séparée du trafic automobile, on va éloigner les cyclistes de la circulation générale, ce qui est plutôt positif pour tout ce qui concerne la pollution".

Selon les dernières estimations de l’Agence Européenne pour l'Environnement, "307.000 décès prématurés sont imputables à l’exposition à la pollution aux particules fines ont été recensés dans l’UE en 2019".

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV