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Environnement

TOUT COMPRENDRE - Qu'est-ce que le controversé projet Willow, autorisé par Joe Biden en Alaska?

Des activistes organisent une manifestation pour exhorter le président Biden à rejeter le projet Willow devant le ministère américain de l'Intérieur, le 17 novembre 2022 à Washington, DC.

Des activistes organisent une manifestation pour exhorter le président Biden à rejeter le projet Willow devant le ministère américain de l'Intérieur, le 17 novembre 2022 à Washington, DC. - JEMAL COUNTESS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP

Ce grand projet d'extraction pétrolière a été approuvé par le gouvernement américain après une importante mobilisation de ses opposants. Joe Biden avait promis lors de la campagne présidentielle qu'il ne délivrerait plus d'autorisation de forage.

Le président américain Joe Biden a autorisé lundi le "Projet Willow", un grand projet d'extraction pétrolière dans le nord-ouest de l'État de l'Alaska. Une décision prise contre l'avis des défenseurs de l'environnement, qui s'étaient fortement mobilisés en faveur de l'abandon total du projet, annoncé comme dévastateur pour le territoire et très émetteur de gaz à effet de serre.

· En quoi consiste le projet?

Le projet Willow vise à assurer la production d'au moins 576 millions de barils de pétrole sur 30 ans, selon les informations fournies par le ministère américain de l'Intérieur, pour une valeur d'environ 7 milliards de dollars (6,52 milliards d'euros). Au total, trois sites de forage ont été approuvés, ce qui devrait représenter, à terme, environ 219 puits d'extraction.

Ils doivent s'étendre au sein de la Réserve nationale de pétrole d'Alaska, une zone de plus de neuf millions d'hectares qui borde la mer de Beaufort, au Sud de l'océan Arctique. Cette réserve appartient à l'État américain au niveau fédéral, ce qui fait par ailleurs du projet Willow l'un des plus grands imaginés sur ce type de zones et le plus grand en Alaska.

À l'annonce de l'autorisation, l'entreprise américaine Conoco Philipps, qui porte le projet depuis plusieurs années, s'est félicité de la décision du gouvernement et a dit être prête à "commencer immédiatement les activités de construction des routes". La compagnie possédait des "concessions" dans la région, soit des autorisations d'exploitation, depuis la fin des années 1990. Elle fait partie du groupe des "six supermajors", c'est-à-dire les six plus grosses compagnies pétrolières du monde, au sein desquelles ont compte également TotalEnergies, seule compagnie française parmi les six.

· Pourquoi fait-il polémique?

Le projet va entraîner l'émission indirecte de 239 millions de tonnes de CO2 sur ses trente années d'exploitation. Cela représente l'équivalent des émissions de 64 centrales à charbon durant un an, selon un outil de calcul de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA). En comparaison, les États-Unis ont relâché en 2020 l'équivalent de 5,9 milliards de tonnes de CO2, toujours selon l'EPA.

Les associations environnementales dénoncent une catastrophe pour le climat. "La pollution carbone qu'il va relâcher dans l'air aura des effets dévastateurs pour nos populations, la vie sauvage, et le climat. Nous allons en subir les conséquences pour les décennies à venir", a réagi lundi l'organisation environnementale Sierra Club.

Une importante mobilisation s'est organisée sur le réseau social TikTok, où le #StopWillowProject a été vu 267 millions de fois au moment de la rédaction de cet article, au travers de milliers de vidéos. Une pétition contre le projet a réuni près de 3,9 millions de signatures.

Les partisans du projet défendent quant à eux la manne financière que représente le projet pour la région. Selon Cocono Philipps, le projet va générer au moins 2000 emplois dont 300 à long terme. L'administration de Joe Biden estime quant à elle que le projet permettra d'accroître l'indépendance énergétique des États-Unis, dans un contexte d'instabilité des sources d'énergie à l'étranger, en lien notamment avec la guerre en Ukraine.

· Pourquoi Joe Biden est-il particulièrement visé?

Lors de la campagne présidentielle en 2020, le candidat Joe Biden avait assuré qu'il comptait mettre fin aux forages sur les terres fédérales, en mer et arrêter d'octroyer de nouveaux permis aux compagnies pétrolières.

"Plus de forages pétroliers sur les terres fédérales. Point. Point. Point. C’est un désastre de faire cela dans l’Arctique, un grand désastre", défendait-il ainsi en février 2020.

La décision d'autoriser le projet Willow est donc contraire à ces promesses. D'autant que le projet avait dans un premier temps été approuvé sous la présidence de Donald Trump avant d'être temporairement stoppé en 2021 par un juge, qui l'avait renvoyé à un nouvel examen du gouvernement.

Soucieux dans le même temps de donner des gages aux défenseurs de l'environnement, le ministère de l'Intérieur a annoncé travailler sur des protections supplémentaires pour une vaste zone de la réserve nationale de pétrole. Il a également annoncé vouloir interdire de façon permanente les forages sur une grande zone de l'océan Arctique, bordant cette réserve.

Joe Biden a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis de 50 à 52% d'ici 2030, par rapport à 2005. Un objectif pris dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat, pour permettre à la première économie mondiale d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

Glenn Gillet