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Environnement

Solar Impulse a achevé sa traversée des Etats-Unis

L'avion solaire suisse Solar Impulse, avant sa traversée.

L'avion solaire suisse Solar Impulse, avant sa traversée. - -

L'avion expérimental Solar Impulse a mis fin à sa traversée des Etats-Unis dimanche. Le périple de l’avion, propulsé par l'énergie solaire, a duré deux mois, et représente une véritable avancée pour les technologies des énergies renouvelables.

Solar Impulse vient d'achever sa traversée des Etats-Unis. L'avion piloté par Bertrand Piccard s'est posé à l'aéroport Kennedy, à New York. Véritable vitrine du savoir-faire de Solvay, l'appareil a atterri plus tôt que prévu en raison d'une aile de l'engin déchirée. Il devrait néanmoins s'élancer pour un tour du monde en 2015.

Objectif: promouvoir les technologies des énergies renouvelables. Avec un soutien de taille depuis le début, celui du géant Solvay. L'avion expérimental avait fait son baptême de l'air en juin 2009. Depuis, il y a eu un vol sans escale de 26 heures, le premier vol international entre la Belgique et la France, puis en 2012, le premier périple transcontinental de 2.500 km entre Madrid et Rabat au Maroc en 20 heures.

Cette traversée des États-Unis est un nouvel aboutissement de 10 ans de travail. Solar Impulse, ce sont 1.600 kg en fibres de carbone, une envergure de 63,4 m, équivalente à celle d'un Boeing 747, 12.000 cellules photovoltaïques capables de produire l'électricité suffisante pour charger une batterie au lithium de 400 kilos, nécessaire à l'alimentation des quatre moteurs électriques à hélice de 10 chevaux chacun, de jour comme de nuit.

En 2004, Solvay, leader de la chimie mondiale a été le premier à y croire et à investir dans ce projet qui pouvait sembler totalement fou. Il reste le partenaire principal.

Près de 6.000 pièces créées

Pour Jacques Van Rijckevorsel, membre du comité exécutif de Solvay, cet avion a été un "laboratoire volant" aux multiples vertus. "En 2003 quand nous avons pris les premiers contacts, les experts disaient qu'un tel projet n'était pas réalisable. Dix ans plus tard, Solar Impulse prouve le contraire. Avec de la vision et de la persévérance, ce qui semblait impossible devient possible. 'C'est nous qui avons fait décoller le projet" ajoute Claude Michel, en charge de Solar Impulse au sein de Solvay.

Pour le groupe, ce projet n'est pas du sponsoring, mais bien un partenariat technique. Au final, ce sont 11 produits spécifiques, une vingtaine d'applications et près de 6.000 pièces qui ont vu le jour. Produits phares, les batteries lithium-ion polymère, qui permettent d'alléger de 120 kilos le poids total de l'appareil. Leurs spécificités se retrouvent déjà dans le monde qui nous entoure et notamment la Blue Car de Bolloré. Et en prime ce polymère est fabriqué en France dans le Jura.

Les applications sont multiples: la mousse ultra-performante destinée à l'isolation thermique est déjà présente dans certaines habitations ou des réfrigérateurs. Les matériaux plus légers qui ont été mis au point sont aussi bien utiles pour l'industrie automobile. D'ailleurs Jacques Van Rijckevorsel rappelle que cet avion a été conçu par un fabricant de bateaux et, dans l'équipe qui entoure Bertrand Piccard et André Borschberg, on ne trouve pas une majorité d'hommes et de femmes venus de l'aviation. Solar Impulse fédère le monde du transport et bien au-delà.

Une entreprise métamorphosée

Solvay a déjà investi 12 millions d'euros dans le projet: une contribution en cash mais aussi en nature. Certains de ces ingénieurs sont très impliqués. Le chimiste n'hésite pas à faire jouer la concurrence: dès le début du projet, il était entendu que ce seraient les meilleurs produits qui seraient utilisés. Pas question de marquer des préférences. Dassault et Altran sont d'ailleurs aussi partenaires de l'aventure.

L'épopée est loin d'être finie. André Borschberg et Bertrand Piccard prévoient un tour du monde en 2015. Solvay a déjà apporté des améliorations au deuxième appareil qui fera ce vol. C'est ainsi qu'il sera étanche.

Jacques Van Rijckevorsel considère ce projet comme une belle aventure d'entreprise. "L'avion est la partie émergée de l'iceberg: nous souhaitions démontrer que la chimie est un élément des solutions à apporter au grand défi du développement durable. Tout n'est pas parfait mais dans le développement durable il y a cette notion d'évolution. Ce projet a transformé notre entreprise et nous a amenés à mieux communiquer sur nos produits."

Nathalie Croisé de BFM Business