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Environnement

Pourquoi 163 dauphins se sont-ils échoués sur une plage du Cap-Vert?

Une ONG portuguaise, Bios Cabo Verde, faisait état il y a deux semaines d'un phénomène dont les causes sont encore inconnues: 163 dauphins se sont échoués sur les plages de l'île du Cap Vert, et l'association décompte 136 animaux morts malgré les tentatives de sauvetage.

Le 24 septembre dernier, 163 dauphins, des adultes avec leurs petits ou des jeunes, se sont échoués sur la rive orientale de Boa Vista, une des îles qui forme l'Etat insulaire du Cap-Vert, au large de l'Afrique de l'Ouest, explique Katia Lopes, une coordinatrice de Bios Cabo Verde, une ONG locale de protection de l'environnement.

Mais la défenseure de l'environnement a bon espoir que la mort massive de plus de 100 dauphins après cet événement sur cette plage aura quand même un peu de bon: pour la cause de la conservation et pour la compréhension d'un phénomène souvent inexpliqué.

L'ONG expliquait sur sa page Facebook avoir été contactée dès 6h pour le sauvetage de ces 163 dauphins.

"Environ 100 personnes ont participé à cette tentative de sauvetage, dont le ministère de l'Agriculture et de l'Environnement, les autorités marines, des pompiers (...) des ONG locales, des membres des communautés locales, ainsi que des tours opérateurs et leurs clients. Malheureusement, même en les raccompagnant dans l'océan, la majorité des animaux se sont échoués à nouveau" déplore l'association dans un post, le 25 septembre.

136 dauphins morts malgré la mobilisation

Des images spectaculaires filmées par l'ONG Bios.cv, Bios Cabo Verde, et diffusées sur les réseaux sociaux montrent un nombre impressionnant de dauphins échoués sur le sable ou dans quelques centimètres d'eau sur des centaines de mètres le long d'une plage de l'archipel. Des dizaines de personnes les poussent ou les tirent par la queue pour les remettre dans les flots de l'Atlantique, en vain.

En fin de journée, malgré la mobilisation de défenseurs de l'environnement, de pompiers, d'insulaires et même de touristes étrangers, 136 dépouilles ont été dénombrées, laissant supposer qu'une partie des 163 autres avaient repris la mer, quitte à aller mourir ailleurs. Ces dauphins dits d'Electre ou péponocéphales, communs au large du Cap-Vert, étaient apparemment venus expirer là dans la nuit.

Le naufrage "peut être dû à tellement de choses"

Le Cap-Vert est, comme d'autres régions du monde, coutumier des échouements de mammifères marins, dont les causes peuvent être multiples, expliquées ou non, d'origine humaine ou pas.

"Autant que ça, c'est plus rare, mais c'est arrivé par le passé, comme en 2007, quand nous en avions eu plus de 200 de cette même espèce", rappelle Katia Lopes. Quant aux raisons de ce naufrage massif, "ça peut être dû à tellement de choses", dit-elle.

"Beaucoup de gens spéculent sur des activités de sonar" ou d'éventuels exercices militaires au large, poursuit-elle, en soulignant que ce sont des conjectures et que le chef du groupe peut aussi avoir été malade et avoir entraîné les autres dans sa perte.

Des vétérinaires attendus pour comprendre le phénomène

Par chance, "nous avons beaucoup d'informations". Des prélèvements ont été effectués sur 50 dauphins et quatre carcasses ont été congelées. Des vétérinaires de l'université de Las Palmas (îles Canaries) sont attendus pour se pencher sur les causes du phénomène, au titre du projet européen Marcet. C'est un projet dédié à la protection des cétacés et du milieu marin et au caractère durable de l'activité touristique qui y est associée autour des îles de cette partie de l'Atlantique.

Contrairement à l'habitude, ces derniers jours, l'ONG a reçu les appels de dizaines de journalistes du monde entier, qui ont visionné les images de l'hécatombe. "Je veux y voir quelque chose de positif", assure Katia Lopes: l'indication possible d'un intérêt accru pour les questions environnementales et d'une "prise de conscience grandissante" de leur urgence.
Julia Galan avec AFP