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Environnement

Phoques tués: pourquoi ces animaux agacent les marins pêcheurs 

Un bébé phoque dans le nord-est de l'Angleterre, le 8 novembre 2016. (Photo d'illustration)

Un bébé phoque dans le nord-est de l'Angleterre, le 8 novembre 2016. (Photo d'illustration) - Oli Scarff - AFP

Les phoques, gourmands amateurs des poissons ramassés par les filets de pêche, suscitent l'énervement des marins pêcheurs.

Après les ours et les loups, voici les phoques. Là où l'activité humaine repose sur l'élevage, la chasse ou la pêche d'animaux, les conflits ne sont pas rares avec les prédateurs naturels de ces bêtes.

Récemment, plusieurs incidents ont mis en lumière la relation conflictuelle entre certains côtiers et les phoques. Le premier semestre de l'année 2018 a été marqué par la découverte de quatre de ces mammifères morts sur les plages, parfois criblés de plombs de chasse, d'autres fois décapités, voire démembrés.

En janvier 2019, la Ligue protectrice des animaux (LPA) a porté plainte après la découverte d'un phoque, porteur d'une bague de soins d'un centre hollandais, abattu au fusil dans le Pas-de-Calais. Dans le Finistère cette fois-ci, deux mammifères de cette espèce pourtant protégée ont été découverts décapités en avril dernier sur les plages.

Deux marins pêcheurs devant la justice

Dans la région de Concarneau, deux marins pêcheurs ont été convoqués devant la justice pour le 13 janvier 2020. Selon le procureur, l'enquête a montré qu'en février et mars, "plusieurs phoques morts étaient pêchés accidentellement" par un navire de pêche local.

Un marin a reconnu en avoir décapité deux, et avoir conservé les têtes pour les naturaliser, ajoutant que ces pêches accidentelles n'étaient pas déclarées par le responsable du navire malgré l'obligation réglementaire en vigueur en matière d'espèces protégées. Le premier risque jusqu'à deux ans de prison et 150.000 euros d'amende, le deuxième 22.500 euros d'amende.

Mais comment les phoques se retrouvent face aux marins-pêcheurs? "Il ne se passe pas un jour sans qu'on constate qu'ils se servent dans nos filets", déplore dans les colonnes du Télégramme David, un matelot. Pour un autre marin, "ils sont capables de remonter trois kilomètres de filets pour prélever les poissons".

Les phoques grignotent dans ce garde-manger inopiné et causent des dommages qui, selon les pêcheurs, les forcent ensuite à rejeter à l'eau quantité de poissons invendables car trop abîmés.

Une petite population en France par rapport aux côtes britanniques

Le long de la côte nord-ouest, la population de phoques prolifère, au grand dam des marins-pêcheurs. Toutefois, le directeur du Groupe d'étude des milieux estuariens et littoraux (Gemel) Thierry Ruellet ne constatait pas en mai 2018 une recrudescence des actes de maltraitance envers les phoques.

"Il y a cinq ans, on ne pouvait pas tenir une réunion sur le sujet. Certains étaient dans la provocation, comme celui-ci me demandant si je m’intéressais aux phoques, et ouvrant son coffre où il y avait deux cadavres…", faisait-il valoir dans Le Parisien. Pour lui, les phoques retrouvés morts et malmenés sur les plages étaient "des actes isolés", pour certain "l'acte de déséquilibrés".

Malgré les pertes financières déplorées par les marins à cause des phoques, Sami Hassani, chef du service marin à Océanopolis, précise dans Le Télégramme que seules "quelques centaines de phoques sont présents en France", contre environ 145.000 sur les côtes britanniques d'après le CNRS. Pas de quoi s'inquiéter selon lui, d'autant plus que leur présence est le signe d'une abondance de poissons.

Liv Audigane