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Environnement

Pesticides: peut-on vraiment y échapper?

Un épandage de pesticides dans un champ de pommes-de-terre, le 20 mai 2012, à Godewaersvelde.

Un épandage de pesticides dans un champ de pommes-de-terre, le 20 mai 2012, à Godewaersvelde. - -

Alors que la nouvelle ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, s'attaque aux pesticides dans les parcs, écoles, et autres terrains de sport, que sait-on au juste des risques encourus?

En 2020, les pesticides seront interdits dans les espaces verts publics, comme le prévoit une loi votée au mois de janvier. Une décision que Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, voudrait même "anticiper" comme elle l'a expliqué ce mardi en lançant officiellement la 8e "Fête de la nature".

En attendant, les Français sont parmi les plus exposés aux pesticides, d'après une étude de l'institut national de veille sanitaire publiée il y a un an. La France est d'ailleurs le premier pays utilisateur de pesticides en Europe, comme le confirment les données du Sénat.

> Les pesticides, c'est quoi exactement?

Il existe principalement trois grandes familles de pesticides, aussi appelés "produits phytosanitaires" par les firmes qui les vendent. Ils servent à éliminer les nuisibles qui pourraient attaquer les cultures et donc à améliorer le rendement agricole.

Les insecticides tuent les insectes, les fongicides tuent les champignons et les herbicides tuent les "mauvaises" herbes.

La plupart du temps, les pesticides sont composés d'une matière chimique active ajoutée dans divers produits diluants.

> Les risques pour la santé sont-ils avérés?

• Différentes pathologies. Maladie de Parkinson, cancers, malformations, infertilité... il "semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte" selon une expertise menée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) au mois de juin dernier.

Les professionnels exposés. Au mois d'avril, un château de Dordogne a été condamné pour l'intoxication d'une salariée. Mme S., ouvrière viticole, a été victime en 2007 d'une céphalée, d'irritation de la peau et de vomissements, symptômes caractéristiques d'une intoxication aux pesticides. Les agriculteurs sont les premiers touchés, notamment via la peau. Mais ils ne sont pas les seuls. Le reste de la population y est également exposé, entre autre par l'alimentation.

Les enfants vulnérables. Début mai, une vingtaine d'enfants et une enseignante d'une école primaire de Gironde ont été pris de malaises après l'épandage d'un fongicide sur des vignes situées à proximité. Les enfants se sont plaints de "picotements aux yeux, de maux de gorge". La préfecture du département a relevé une utilisation du produit dans des "conditions inappropriées".

La biodiversité menacée. Par ailleurs, les abeilles sont elles aussi sensibles à ces substance. Au point que le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a annoncé que les épandages de pesticides seront bientôt interdits en journée pendant les périodes de floraison afin de les protéger.

> Peut-on éviter les pesticides?

Le ministre Stéphane Le Foll, qui fait souvent référence à l'agroécologie, prétend vouloir mettre fin au tout chimique et encourager les agriculteurs à utiliser des techniques agronomiques et des méthodes naturelles.

En ville. Selon l'agence chargée de la biodiversité en Ile-de-France, Natureparif, près de 10% des communes franciliennes ont déjà totalement renoncé à l'usage de pesticides, soit plus de 120 communes.

Dans les cours d'eau. La contamination par les pesticides des cours d'eau en France reste quasi-généralisée, a estimé au mois de juillet le Commissariat général au Développement durable. Les zones les plus touchées sont les grandes régions céréalières, maraîchères ou viticoles : nord de la France, Bassin parisien, sud-ouest, amont du Rhône et Martinique.

> Que font les autorités?

"Des précurseurs de plus en plus nombreux prouvent qu'on peut se passer de ces substances nocives qui infiltrent l'air, l'eau et le sol", a affimé mardi Ségolène Royal.

La ministre va par ailleurs annoncer "très prochainement", avec son collègue de l'Agriculture Stéphane Le Foll, une interdiction des épandages de produits phytosanitaires "à moins de 200 mètres des écoles".

Une décision qui irait dans le sens de l'ONG Générations futures, dont la vocation est de dénoncer les dangers de certains pesticides, et qui souhaite la mise en place de zones non traitées, notamment le long des habitations.

Aurélie Delmas avec AFP