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Environnement

Les océans se réchauffent beaucoup plus vite qu'on ne le pensait

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Les océans se réchaufferaient en moyenne 40% plus vite que ce que l'on pensait il y a cinq ans.

A quelle vitesse se réchauffent réellement les océans? Selon une nouvelle étude, publiée jeudi dans la revue scientifique Science, leur température augmente bien plus rapidement que ce que l'on pensait, en moyenne 40% plus vite que ce qui avait été estimé par les Nations Unies il y a cinq ans. 

Or, le réchauffement des océans est l'un des indicateurs les plus importants pour évaluer le changement climatique. C'est en effet eux qui absorbent la majorité de l'excès de chaleur provoqué par les rejets de gaz à effets de serre que nous émettons. En montrant que le réchauffement océanique va plus vite que l'on pensait, l'étude prouve ainsi, a fortiori, que le réchauffement climatique est lui aussi plus rapide.

2018, l'année la plus chaude pour les océans

"2018 va être l'année la plus chaude pour les océans du monde, comme 2017 et 2016 auparavant", explique Zeke Hausfather, de l'Université de Californie à Berkeley. 

Alors que le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) estimait en 2014 que le "contenu thermique des océans", l'unité utilisée pour ces mesures, était entre 0,20 et 0,32 watts par mètre carré pour la période 1971-2010, les quatre nouvelles études convergent autour d'un chiffre supérieur, entre 0,36 à 0,39 -et 0,55 à 0,68 pour la période la plus récente, à partir des années 1990.

Un matériel imprécis

Evaluer la température des océans a toujours été une mission difficile. Les mesures étaient imprécises à cause du matériel utilisé: une sorte de thermomètre en forme de torpilles, des bathythermographes. On les plongeait sous l'eau en les reliant par un câble à un navire. Ils ne remontaient jamais à la surface et ne duraient pas longtemps.

Depuis le début des années 2000, les scientifiques possèdent un matériel bien plus précis. 3900 balises "Argo" flottantes et plongeantes ont été réparties sur le globe et fournissent des données bien plus complètes sur les 2000 premiers mètres, transmises par satellites avec une fréquence incomparable. La nouvelle étude, qui combine quatre études publiées depuis 2014 avec ces nouveaux outils, permet ainsi de dire que les mesures anciennement utilisées n'étaient pas assez précises - et trop basses.

"Les océans nous sauvent donc d'un réchauffement massif"

"Si les océans n'absorbaient pas autant de chaleur, la surface de la terre se réchaufferait bien plus vite que maintenant", explique Malin L. Pinski, professeur d'écologie. "Les océans nous sauvent donc d'un réchauffement massif".

Mais les éco-systèmes marins meurent progressivement, le niveau de la mer augmente et les catastrophes naturelles se multiplient. Plus les océans vont se réchauffer, plus ces phénomènes vont s'empirer assurent les scientifiques: plus de pluie, des ouragans plus forts et plus fréquents, des inondations systématiques, etc... Par ailleurs, la destruction des fonds marins, notamment la disparition des poissons, pourraient avoir des conséquences dramatiques pour les habitants de pays vivant principalement de la pêche

"Si ces dernières découvertes dressent un horizon plutôt sombre pour l'avenir des océans, les efforts faits pour limiter le réchauffement climatique, notamment les accords de Paris sur le climat votés en 2015 pourraient aider", assure Zeke Hausfather. "Nous pouvons certainement éviter les pires scénarii, mais nous ne pourrons plus revenir en arrière."
Cyrielle Cabot avec AFP