Le verre: un cercle vertueux

80% des Français préfèrent l'emballage en verre. La démarche de recyclage se fait de plus en plus naturellement même s'il reste des marges de progrès. L'industrie du verre a changé dans ce contexte. Une industrie locale et résolument engagée.

Le verre recyclé est devenu la première matière première de la verrerie. Le taux de recyclage est en croissance constante de 2%. Il était de 40% en 1995. Il atteint désormais 70%. Ce sont donc plus de 7 bouteilles sur 10 qui sont ainsi réemployées. Plus de deux millions de tonnes collectées et recyclées chaque année.

Une démarche bonne pour l'environnement mais aussi pour les finances. Envoyer des déchets à l'incinérateur représente un coût de 170 euros, la tonne. Il est réduit à 10 euros quand le but final est le recyclage.

En France, ce sont 1.600 personnes qui y travaillent. Les chiffres sont tout frais: les verriers ont en effet confié à Ernst&Young une étude sur l'évaluation des contributions économiques sociales et environnementales de la filière du verre d'emballage.

Tri automatisé

Au total c'est un vivier de 15.000 emplois, plus d'un milliard d'euros de PIB. 6.800 personnes y travaillent directement. Et surtout localement. Il ressort de l'étude Ersnt&Young qu'il n'y a jamais plus de 300 kilomètres d'écart entre l'usine et les clients ou l'usine et les fournisseurs de matières premières. Les transports sont limités d'autant et c'est tout un éco-système régional qui se met en place. Avec notamment des filières d'excellence comme les vins et spiritueux ou encore les parfums. Le cabinet a passé au crible une vingtaine de sites qui regroupe environ 90% de l'activité.

Le tri s'améliore et tous les professionnels du verre se mobilisent. "Le verre naît du verre". Un tri automatisé a été mis en place dans sept centres de traitement pour séparer le verre blanc du verre coloré. Pas question de multiplier les containers, le geste de tri reste le même. 2 nouveaux centres seront équipés cette année. Le taux de recyclage est ainsi augmenté.

Efficacité énergétique et éco-conception

Le secteur améliore aussi son efficacité énergétique. Déjà une réduction des émissions de CO2 de 17% entre 2005 et 2011. L'augmentation du taux de calcin (les débris) dans la composition du verre permet de réduire la consommation d'énergie. Et pourquoi pas un recours aux énergies renouvelables? Des panneaux photovoltaïques sur les usines, l'idée fait encore son chemin. En revanche la biomasse est une piste sérieuse en particulier en Champagne: récupérer les sarments de vigne pour produire du gaz. Le déchet des uns devient l'énergie de l'autre.

Et que dire de l'éco-conception? Alléger les bouteilles de champagne de 75 grammes représente une économie de 20.000 tonnes de verre. La filière s'engage financièrement: entre 10 et 15 millions d'euros pour l'optimisation d'un centre de traitement.

Augmenter le nombre de containers

70% c'est bien mais la France est en retard. Chez certains voisins, les taux de recyclage dépasse les 80%. Il faut donc revenir à la source comme le précise Jacques Bordat le président de la fédération des industries du verre: "Les verriers sont des pionniers. Nous nous sommes lancés dans le recyclage en 1974 quand personne ne parlait développement durable. Nous avons été seuls longtemps et puis les éco-organismes ont vu le jour. Nous devons travailler de plus en plus au plus près des collectivités et des consommateurs".

Ce sont 150.000 containers qui sont installés en France mais ils sont souvent trop loin ou pas assez bien entretenus. Une autre étape doit être franchi. Prochain objectif: 8 bouteilles sur 10 recyclées. Car le verre est vertueux. Il est recyclable à 100% et à l'infini. De plus, 83% des consommateurs européens préfèrent l'emballage en verre parce qu'il préserve le caractère sain des aliments.

Nathalie Croisé de BFM Business