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Environnement

L'Australie entraîne des marsupiaux à éviter les crapauds toxiques

Des scientifiques dressent actuellement un marsupial d’Australie, le dasyure, pour lui apprendre à éviter de manger les crapauds buffles toxiques.

Des scientifiques dressent actuellement un marsupial d’Australie, le dasyure, pour lui apprendre à éviter de manger les crapauds buffles toxiques. - AFP PHOTO / Greg WOOD GREG WOOD / AFP File

Le dasyure, petit marsupial carnivore d’Australie, continue à vouloir manger des crapauds buffles toxiques, introduits par les hommes il y a huit siècles. Des chercheurs tentent désormais de donner un petit coup de pouce à la nature en formant plusieurs dizaines de marsupiaux pour éviter que cette espèce menacée ne soit encore plus durement touchée.

Il n’y a pas que les êtres humains qui peuvent bénéficier de cours de survie. Des équipes de scientifiques dressent actuellement un marsupial d’Australie, le dasyure, pour lui apprendre à éviter de manger les crapauds toxiques qui ont dévasté des populations entières de cette espèce en danger.

Ces petits mammifères carnivores, également connus sous le nom de chat marsupial et reconnaissables à leur fourrure tachetée, occupent une place toute particulière dans le cœur des Australiens.

Le coupable: le crapaud buffle, originaire des Amériques

Les dasyures sont menacés par le crapaud buffle, une espèce invasive originaire d'Amérique centrale et du Sud.

Ces crapauds ont été introduits en Australie en 1935. A l’époque, ces batraciens étaient venus prêter main forte aux agriculteurs: grâce à leur appétit vorace, les crapauds évitaient que les scarabées ne dévastent complètement les plantations de canne à sucre de la région. Ainsi surnommés "les crapauds de canne", ces amphibiens sont en réalité très toxiques, et les prédateurs qui tentent de s'en nourrir peuvent en mourir.

Le nombre de ces batraciens est aujourd'hui estimé à plus de 200 millions. Ils continuent de progresser dans le nord de l'Australie à un rythme estimé entre 40 et 60 kilomètres par an aux dépens de la faune de prédateurs endémiques. 

La recette: mêler des substances qui donnent la nausée à la peau de crapaud

Des scientifiques financés par un programme gouvernemental dressent les dasyures afin qu'ils évitent les batraciens: ils leur proposent des aliments mêlés à de la peau de crapaud et à des substances chimiques qui donnent la nausée, ce qui leur apprend petit à petit à s'en méfier comme de la peste.

Trente marsupiaux ainsi formés seront relâchés cette année à Kakadu, dans le Territoire du Nord, dans le cadre d'un programme de trois ans.

Des programmes expérimentaux ont montré que les femelles dressées arrivent à survivre et à se reproduire. De plus, leurs petits savent aussi qu'il faut s'abstenir de consommer du crapaud, avec comme résultat, l'augmentation de la population des dasyures, espèce également menacée par les chats retournés à l'état sauvage. 

"C'est fantastique de voir le succès de ce programme innovant destiné à protéger les petits mammifères australiens", a déclaré jeudi le ministre de l'Environnement Greg Hunt.

"C'est un travail extrêmement important. Sans initiatives ciblées de protection de l'environnement comme celles-ci, il est peu vraisemblable que l'espèce se remette à l'avenir". 

Le coût de l'opération: environ 515.000 euros

Selon Gregory Andrews, chargé au ministère de l'Environnement de la protection des espèces en danger, ce programme est financé dans le cadre d'une enveloppe de 750.000 dollars australiens (515.000 euros) pour réhabiliter la région de Kakadu.

Sally Barnes, directrice des parcs nationaux australiens, a souligné que cette expérience était utile pour les animaux dressés, et pour toutes les générations suivantes. "Nous pensons n'avoir besoin de le faire qu'une fois".

P.P.G. avec AFP