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Immeuble démoli à cause de l'érosion: Corinne Lepage estime qu'"on est probablement dans le déni"

L'ancienne ministre de l'Environnement et militante pour le climat a réagi sur notre antenne à la démolition du "Signal", un immeuble touché par la montée des eaux en Gironde.

"C'est un sujet majeur". Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement, était invitée à réagir sur BFMTV au début de la démolition du "Signal", un immeuble situé à Soulac-sur-Mer (Gironde) et dont la distance qui le sépare de la côte s'élève à seulement une vingtaine de mètres.

"Quand le bâtiment a été construit dans les années 1960, beaucoup avaient protesté à l'époque parce qu'il y avait déjà eu des mouvements de la mer", rapporte Corinne Lepage sur notre antenne.

Un bâtiment démoli plus de 50 ans après sa construction

"Le maire à l'époque a tenu bon, l'État aussi, sauf qu'il devait y avoir toute une succession d'immeubles à cet endroit-là et en définitive il n'y aura eu que le Signal", ajoute l'ancienne ministre, "le choix initial n'était quand même pas terrible".

Ce bâtiment, construit en 1967, est devenu le symbole du recul des plages sur le littoral atlantique. Sa démolition, débutée ce vendredi, s'est faite en présence du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu. "Cet immeuble, quand il a été construit, il était à 200 mètres de la mer. Il est maintenant à 20 mètres et témoigne de cette érosion qui s'accentue à cause du dérèglement climatique", a expliqué le ministre sur BFMTV.

"Cet événement historique marque notre engagement pour lutter contre l'érosion du littoral et protéger nos concitoyens", a tweeté Christophe Béchu.

Plus d'une centaine de communes officiellement exposées

Corinne Lepage, en tant que militante écologiste, doute cependant d'une prise de conscience généralisée face à la montée des eaux prévue ces prochaines décennies et qui touchera inévitablement le littoral français.

"Est-ce qu'on est dans le déni? Oui probablement. On a une liste de 126 communes exposées au risque d'érosion de la côte qui a été publiée, mais ce n'est pas une liste obligatoire. Des communes qui sont exposées ont refusé de figurer dessus", souligne l'avocate et ancienne ministre sur BFMTV.

En outre, Corinne Lepage souligne l'épisode "extrêmement douloureux" qu'a été l'évacuation du bâtiment pour pour ses résidents "modestes" en 2014: "c'était des petits appartements et pas des résidences luxueuses". L'ancienne ministre plaide enfin pour une application "de manière plus rigoureuse" de la loi littoral: "le vrai problème c'est pour les immeubles existants, pour eux le souci c'est de trouver de l'argent pour permettre aux gens de s'installer en intérieur".

"Comment est-ce qu'on fait pour financer cette transition? Ce n'est pas seulement du changement énergétique mais aussi la transformation de toutes nos infrastructures, et pas seulement en bord de mer", conclut Corinne Lepage.

Dans le cas précis des résidents du "Signal", les différents propriétaires ont obtenu une indemnisation à hauteur de 70% de la valeur originelle de leur logement.

Hugues Garnier Journaliste BFMTV