BFMTV
Environnement

Et si la plus grande menace pour l'humanité était l'acidification des océans?

-

- - Richard Bouhet - AFP

La plus grande extinction d'espèces de l'histoire de la Terre aurait été causée par l'acidification des océans, affirment des scientifiques. Un phénomène qui pourrait se reproduire à l'avenir.

L'acidification des océans est-elle la plus grande menace pour les espèces qui peuplent la planète, y compris la nôtre ? Selon les résultats d'une étude publiée la semaine dernière dans la revue américaine Science, l'acidification des océans serait en cause dans la plus grande extinction de l’histoire de la planète, l'extinction du Permien-Trias il y a 252 millions d'années environ, où près de 90 % de la vie marine a été tuée. 

Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques, ont étudié des pierres du désert des Emirats arabes unis, qui se trouvaient à l'époque au niveau du fond des océans. Celles-ci indiquent un changement rapide du PH de l’eau environnante. Selon les chercheurs, les océans sont alors devenus trop acides pour que la majeure partie des espèces marines puissent survivre. 

Une ampleur plus importante que l'extinction des dinosaures

Cette acidification spectaculaire des océans aurait été causée par l’éruption d’un réseau de super-volcans, appelés trapps de Sibérie, pendant près d’un million d’années. D’énormes volumes de dioxyde de carbone auraient alors été diffusés, à un rythme comparable aux niveaux de CO2 actuellement relâchés par l'homme. 

Un des effets de ce phénomène aurait été de faire monter les températures du globe et de causer un épuisement significatif de l’oxygène dans les océans, rendant la vie difficile pour les créatures marines de cette ère. L’extinction aurait duré près de 60.000 ans, et se serait produite en deux temps: dans un premier temps sans doute à cause du manque d’oxygène, puis une extinction causée par une spectaculaire hausse de l’acidité des océans, le dioxyde de carbone produisant de l’acide carbonique lorsqu’il se dissout dans l’eau.

Cette extinction massive -de plus grande ampleur que l'extinction des dinosaures, provoquée par un astéroïde- a marqué la fin du Permien, la dernière période du Paléozoïque (communément appelée l'ère primaire) et le passage à l'ère Mésozoïque. Si les espèces marines ont été les plus affectées, notamment avec la disparition des récifs coraliens, les espèces terrestres ont été durement touchées elles aussi, relève The Independent, les insectes subissant par exemple la seule extinction de masse dans leur longue histoire.

Une "découverte préoccupante"

Mais si ces données intéressent tant les chercheurs, c'est parce qu'elles pourraient nous indiquer l'évolution qui nous attend si l'acidifcation actuelle des océans se poursuit. 

"Les scientifiques ont longtemps suspecté qu’un épisode d’acidification des océans puisse s’être produit au moment de la plus grande extinction de masse de tous les temps, mais nous n’en avions pas de preuves directes jusqu'à présent", a déclaré Matthew Clarkson de l'Université d'Edimbourg, un des auteurs de l'étude. “Ces découvertes pourraient nous aider à comprendre la menace que représente l’acidification actuelle des océans pour la vie marine”, a de son côté commenté la professeure Rachel Wood, de l’Université d’Edimbourg, citée par Reuters

Le message important dans tout ça, c’est que le taux d’augmentation du CO2 durant le Permien était à un niveau à peu près similaire à celui auquel nous exposons aujourd’hui les océans", a jouté la géoscientifique. Et Matthew Clarkson de résumer : "C'est une découverte préoccupante".

V.R.