Echappement de gaz à Rouen : place à la neutralisation

Les risques sanitaires réduits à zéro, il s'agit maintenant de neutraliser le gaz mercaptan qui s'est échappé d'une usine de Rouen. L'opération pourrait prendre "plusieurs jours" selon la ministre de l’Écologie Delphine Batho qui s'est toutefois dite "rassurée" par sa visite.

Dans la nuit de lundi à mardi le mercaptan, un gaz nauséabond qui peut être toxique à forte concentration, s'est échappé de l'usine de production d'additifs pour lubrifiants Lubrizol de Rouen.

Si la population, de la Seine-Martime à Paris en passant par la Grande-Bretagne, s'en est rapidement inquiétée, les autorités sanitaires se veulent rassurantes.

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Les opérations de neutralisation ont débuté "pour plusieurs jours", assuré mardi soir la ministre de l'Ecologie Delphine Batho, dépêchée sur place en urgence. Elle s'est toutefois déclarée "rassurée" au terme de sa visite du site. BFMTV.com fait le point sur cette fuite de gaz.

Que s'est-il passé ?

"L'entreprise Lubrizol, située à Rouen, a détecté une instabilité sur une de ses spécialités chimiques. Cette instabilité est à l’origine de dégagements d’odeurs de gaz", a indiqué tôt mardi matin la préfecture de Seine-Maritime.

L'incident qui a conduit à ce dégagement de mercaptan a pour origine une réaction chimique "inattendue" dans un bac de fabrication, a commenté la direction.

L'usine Lubrizol est un site Seveso (à risques) spécialisé dans la fabrication et le conditionnement d'additifs pour lubrifiants, carburants et peintures, et emploie environ 250 salariés.

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Comment régler le problème ?

Une opération de neutralisation du mercaptan a débuté ce lundi sur les coups de 22 heures. Elle pourrait "durer plusieurs jours" comme l'a précisé la ministre de l'Ecologie Delphine Batho, précipitamment partie de Berlin pour rejoindre Rouen.

Le procédé, "rarement mis en oeuvre" et même "expérimental" selon la préfecture, consiste à neutraliser avec de la soude le contenu du bac où une réaction chimique "inattendue" s'est produite alors qu'un additif pour lubrifiant était en cours de fabrication.

Il doit être testé sur cinq des 35 tonnes de produits concernés, puis sur sept, au cours de la nuit de mardi à mercredi. L'opération devrait être répétée et terminée la nuit suivante. "Du temps plutôt que des risques" a martelé la ministre sur BFMTV, avant de préciser qu'une enquête administrative pour déterminer les responsabilités allait être ouverte.

Le mercaptan, c'est quoi ?

Le mercaptan est un gaz nauséabond couramment utilisé pour "parfumer" le gaz de ville, inodore, afin de repérer les fuites et éviter ainsi les accidents.

Produit à l'état naturel lorsque les matières organiques se décomposent, dans les marais, les égouts et même lors de la digestion, il dégage une "odeur caractéristique" de putréfaction "qui est ressentie par les individus à de très faibles concentrations" selon les explications données par l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS).

Quel a été le parcours du gaz ?

Plusieurs personnes habitant Paris mais aussi l'Eure, l'Essonne, les Yvelines, le Val-de-Marne ou encore le Val-d'Oise, évoquent une "odeur insupportable", "maux de tête" et "nausée".

Frédéric Grosjean, sapeur-pompier de Paris, a expliqué à BFMTV que les pompiers ont reçu "10.000 appels supplémentaires" mardi matin, à la suite de l'émanation de gaz venue d'une usine de Rouen.

La police britanique a aussi confirmé avoir reçu des appels inquiets affirmant que l'odeur de gaz était sentie jusque dans le sud de l'Angleterre.

Quels sont les risques ?

Le ministère de l'Intérieur, très vite, puis l'ensemble des autorités sanitaires se sont évertuées tout au long de la journée à assurer que le mercaptan n'était pas nocif et ne causerait aucun trouble aux personnes exposées.

"Au regard des concentrations présentes dans l’air et des données actuellement disponibles, ce produit (gaz mercaptan, ndlr) ne présente pas de risque pour la santé", rassure la Direction Générale de la Santé.

Néanmoins, à faible concentration, les manifestations chroniques sont essentiellement l'irritation des yeux, des muqueuses respiratoires et de la peau, précise la fiche de l'Institut.

Par mesure de précaution, le match de Coupe de France Rouen-Marseille a été reporté à une date ultérieure et le Plan particulier d'intervention a été déclenché.

Qu'est ce qu'un Plan particulier d'intervention ?

Mardi à la mi-journée, la préfecture de Seine-Maritime a déclenché ce plan d'urgence après un incident industriel sur le site de l'entreprise Lubrizol de Rouen.

Le Plan particulier d'intervention (PPI) est mis en oeuvre par le préfet quand un incident industriel est susceptible de dépasser le cadre d'une usine. Il est établi par la préfecture et définit l'ensemble des mesures à prendre en cas d'incident pour protéger la population, des biens et de l'environnement.

A la demande du Premier ministre, une cellule interministérielle a aussi été mise en place sous l'égide du ministère de l'Intérieur.