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Doit-on s'attendre à plus de moustiques cette année?

Un moustique, Image d'illustration

Un moustique, Image d'illustration - PHILIPPE HUGUEN / AFP

En raison des conditions climatiques plus que clémentes, ces insectes trouvent un terrain extrêmement favorable à leur développement et prolifération.

La hausse des températures et son lot d'effets collatéraux indésirables. Alors que le GIEC a une nouvelle fois prévenu, dans son dernier rapport, d'une accélération du réchauffement climatique en raison de l'activité humaine à court et moyen terme, la France va être frappée cette semaine être frappée par une vague de chaleur précoce durant laquelle le mercure devrait franchir les 40 degrés localement. Un record, qui en appelle d'autres.

Des changements météorologiques qui ont logiquement une incidence sur la faune et la flore du pays. Ce lundi, sur RTL, l'entomologiste spécialiste des moustiques à l'Institut Pasteur, Anna-Bella Failloux, a ainsi souligné que le climat actuel favorisait l'apparition et la prolifération du culicidé.

"Nous avons l'impression qu'il y a plus de moustiques cette année car toutes les conditions sont réunies pour qu'ils se développent", indique-t-elle.

"Quand il fait chaud, il y a des moustiques"

Contacté par BFMTV.com, Arezki Izri, chef du service Parasitologie-Mycologie de l'hôpital Avicenne (AP-HP), confirme que "plus il fait chaud, plus il y a des insectes. Ils aiment l’humidité et redoutent la déshydratation. Quand il fait chaud, il y a des moustiques."

Mais, pour comprendre cette recrudescence des moustiques actuellement, il convient de connaître la manière dont les ceux-ci se reproduisent.

"Les moustiques pondent sur un support solide qui est ensuite immergé, on ne sait pas comment ils font cela, sûrement l’instinct. Dès que ces œufs vont dans l’eau, ils peuvent éclore en une semaine. Le moustique cherche des petits gîtes, pas des étangs ni des lacs, mais des petits seaux d’eau, des piscines d’enfant oubliées, des gouttières un peu bouchées. L’eau doit persister plusieurs jours, une dizaine de jours, puis une autre semaine pour l’éclosion soit une vingtaine de jours", détaille-t-il.

Alors que la température idéale pour le développement du moustique doit être située entre 25 et 33 degrés, le climat actuel est donc plus que propice à la prolifération. Début juin, une première vague de chaleur s'était soldée par plusieurs orages qui ont permis la présence de l'humidité et des points d'eau qui plaîsent tant aux moustiques. Pire, quand la température dépasse les 30 degrés, la transformation de l'oeuf en larve est largement accélérée.

Longévité des oeufs

Autre détail d'importance, un oeuf de moustique, qui peut par exemple être pondu à même le sol, peut survivre jusqu'à plusieurs mois avant d'être au contact de l'eau et d'éclore.

"Nous faisons des élevages sur du papier filtre humide où les moustiques viennent pondre. Nous pouvons ensuite les garder plusieurs mois avant de les immerger, même les envoyer par la poste. C'est comme ça qu'ils voyagent, dès qu'ils touchent l'eau, ils vont éclore", ajoute Arezki Izri.

Selon lui, un exemple parlant vient souligner cette longévité des oeufs de moustiques. "J'utilise souvent l'exemple de la Camargue. C'est assez sec, mais il y a des nappes phréatiques", commence-t-il.

"Quand il pleut, les nappes ressortent et les moustiques apparaissent. Ils pondent à même le sol et les œufs vont être dans l’eau. Autre exemple, dans une oasis au Sahara, pour irriguer un palmier on utilisait de l’eau d’un barrage par un canal. On irrigue en remplissant un petit bassin d’eau, et l’oasis devenait invivable", décrit-il encore.

Alerte au moustique-tigre

Dès la mi-mai, les autorités sanitaires s'étaient inquiétées de la recrudescence des moustiques, en particulier du moustique-tigre, sur une large partie du pays. Comme l'indique une carte diffusée par le site Vigilance Moustiques, plus de la moitié du territoire est actuellement en alerte rouge au moustique-tigre.

Un niveau d'alerte qui signifie que l'insecte, responsable de plusieurs maladies dont la dengue, le zika ou encore le Chikungunya et facilement identifiable par ses taches caractéristiques, est déclaré, implanté et actif.

Vigilance moustique.
Vigilance moustique. © Vigilance moustique

A la lumière de son mode de reproduction, la lutte contre le moustique n'est pas chose aisée. Dans un document consacré au fléau, le ministère de la Santé souligne que le plus important à faire est de supprimer les eaux stagnantes autour de son domicile.

De son côté, l'ARS de Provence-Alpes-Côte d'Azur liste plusieurs autres gestes à adopter: il est ainsi conseillé de bâcher, à l'aide d'une moustiquaire, des réserves d'eau telles que des bidons ou des piscines pour enfants, et de ranger tout ce qui peut être touché par la pluie, dont les seaux.

En cas de doutes concernant un insecte repéré, il convient de contribuer à la surveillance de son implantation en le signalant sur le portail officiel des autorités sanitaires à l'adresse suivante: signalement-moustique.anses.fr. En cas de piqûre, il faut prendre contact le plus rapidement possible avec un professionnel de santé.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV