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Environnement

Des vers de farine capables de digérer le plastique, un espoir pour l’environnement

Des vers de farine.

Des vers de farine. - Karl Wright - Flickr

Des scientifiques ont constaté que le ver de farine, friand de denrées alimentaires sèches, pouvait aussi se nourrir de plastique, le digérer et le transformer en déchets biodégradables. Une découverte qui pourrait révolutionner notre manière de gérer les déchets plastiques, véritable fléau pour l’environnement.

Des scientifiques pourraient avoir découvert une nouvelle manière d’atténuer l’impact destructeur pour l’environnement des déchets plastiques produits par l’homme: les donner à manger à des vers de farine. Selon les résultats d’une étude publiée dans Environmental Science and Technology, relayée par CNN mercredi, ces petits vers brûnatres, friands de denrées alimentaires sèches comme la farine, sont en effet aussi capables de se nourrir de polyéthylène -une forme commune de plastique- de le métaboliser et le transformer en déchets biodégradables. Une découverte "révolutionnaire", s’enthousiasment ses auteurs.

L’expérience a été menée sur 100 vers de farine, qui sont les larves du ténébrion meunier, un insecte relativement répandu de l’ordre des coléoptères. Les chercheurs les ont nourris de Styrofoam, des panneaux de polystyrène extrudé produits par la société Dow Chemicals, utilisés comme isolants thermique. Chaque ver en consommait 34 à 39 miligrammes - environ l’équivalent d’un comprimé de médicament - chaque jour. 

Résultat: les scientifiques ont découvert que grâce à des micro-organismes présents dans leur intestin, les vers de farine étaient capables de biodégrader le polyéthylène. Ils transformaient le plastique qu’ils mangeaient en dioxide de carbone, en biomasse et en déchets biodégradables. Et les déchets ainsi produits semblaient pouvoir être utilisés sans danger dans les sols, pour les plantes et même pour les cultures, explique l’étude.

"Révolutionnaire" pour la gestion des déchets

Les chercheurs ont également prêté attention à l’état de santé global des vers de farine, et ont observé que ces petits vers pouvaient vivre en se nourrissant uniquement de plastique. Mieux, les larves qui s’alimentaient seulement de Styrofoam étaient en aussi bonne santé que les vers de farine dont le régime alimentaire était constitué de l’habituel son de blé. 

Les vers de farine pourraient donc aider à trouver un moyen de traiter une partie de la quantité toujours plus grande de déchets plastiques produits par l’homme. Une découverte majeure, estime Wei-Min Wu, l’un des auteurs de l’étude. 

"Ces résultats sont révolutionnaires. C’est l’une des plus grandes percées pour les sciences de l’environnement de ces dix dernières années", fait valoir cet ingénieur à l’université de Stanford, interrogé par CNN.

D’autres insectes comme les cafards sont capables de manger du plastique, rappelle-t-il à la chaîne américaine, mais sans qu’une biodégradation n’ait été observée. 

"La partie la plus importante est de comprendre que l’intestin des vers de farine est très efficace pour dégrader le plastique”, souligne Wei-Min Wu. "L'environnement intestinal du ver de farine est très important", dit-il, ajoutant que "les bactéries sont essentielles". Car quand les chercheurs ont donné des antibiotiques aux vers, le plastique n’était pas dégradé.

La pollution plastique, fléau pour l'environnement

Les auteurs de l’étude espèrent maintenant qu’en comprenant les mécanismes internes à l’intestin des vers de farine, les scientifiques et les ingénieurs pourront développer de nouvelles manières de dégrader les déchets plastiques et/ou trouver de nouvelles manières de produire du plastique qui puisse être facilement biodégradé.

Les scientifiques veulent aussi mener d’autres recherches pour découvrir si les micro-organismes vivant dans l’intestin des vers de farine peuvent décomposer le polypropylène, une autre forme de plastique utilisée notamment pour produire des composants de voitures, des textiles et des microbilles.

Les déchets plastiques se dégradent difficilement et lentement dans la nature: le processus peut prendre de 100 à 1.000 ans. La durée de vie d’un sac plastique abandonné dans la nature est par exemple de 200 ans, indique l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe).

La pollution par les plastiques constitue un véritable fléau pour l’environnement, et notamment pour les océans où flotte ce qui a été appelé "continent de plastique": une "soupe" de 3,4 millions de km2 de déchets en tous genres produits par l'activité humaine et de microparticules de plastique. Rien qu’aux Etats-Unis, selon CNN, 33 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année, et seuls 10% sont ensuite recyclés.