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Environnement

Des microfibres de jeans retrouvées aux confins de l'Arctique

Griffin Island, dans l'Arctique canadien, le 25 septembre 2015. (illustration)

Griffin Island, dans l'Arctique canadien, le 25 septembre 2015. (illustration) - Clement Sabourin - AFP

Ces particules représenteraient 20% du total des microfibres présentes dans les sédiments de l'archipel Arctique.

Des chercheurs de l'Université de Toronto ont découvert des microfibres de jeans aux confins de l'archipel Arctique, une région reculée appartenant au Canada, rapporte le quotidien britannique The Independent. Une preuve supplémentaire de l'impact de l'activité humaine sur les écosystèmes marins, y compris les plus isolés, estiment-ils.

20% de microfibres de jean dans les sédiments

L'étude, publiée dans la revue scientifique américaine Environmental science & Technology Letters, montre qu'environ 20% des microfibres que comportent les sédiments de l'archipel Arctique seraient issues des jeans. Un taux qui grimpe à 23% dans les alluvions des Grands Lacs d'Amérique du Nord.

Cette accumulation de microfibres de jeans pourrait constituer un risque pour la faune et la flore, expliquent les scientifiques. En effet, si le denim est principalement composé de coton naturel, celui-ci est généralement traité par différents procédés chimiques qui améliorent sa durabilité mais peuvent aussi le rendre dangereux pour l'environnement.

Un milliard de microfibres rejetées quotidiennement

Cette profusion de microfibres de jeans est notamment liée à la popularité du vêtement, porté par la moitié de la population humaine à chaque instant, estime l'étude. D'autant plus que la fréquence de lavage recommandée par les marques (une fois par mois) est rarement respectée, les détenteurs de blue-jeans ayant tendance à les passer trop fréquemment à la machine, précise The Independent.

Or, les eaux usées évacuées dans les rivières et les océans constituent le principal moyen de diffusion des microfibres textiles. A chaque lavage en machine, un jean en relâche environ 50.000, précise l'étude. Si la plupart sont filtrées par les plantes utilisées dans le traitement des eaux, certaines parviennent tout de même à passer. Du fait de l'omniprésence du blue jeans dans les garde-robes du monde entier, les scientifiques estiment ainsi que près d'un milliard de microfibres de jeans s'échappent chaque jour.

Un indicateur de la portée de la pollution humaine

C'est cette popularité, ainsi que le temps que passent ces vêtements dans les machines à laver, qui ont suscité la curiosité de l'équipe de chercheurs de Toronto quant à la présence de microfibres de jeans dans les environnements aquatiques.

"Nous en concluons que les blue jeans, le vêtement le plus populaire du monde, constituent un indicateur de la charge généralisée que le pollution d'origine humaine fait peser sur les environnements en contribuant à l'accumulation de microfibres dans les zones tempérées jusqu'aux régions arctiques", rapportent les scientifiques.

Des réponses existent toutefois pour limiter la pollution par les microfibres de jean, précisent-ils. Les filtres des lave-linge pourraient permettre de limiter le volume de microfibres qui se retrouvent dans les eaux usées. Une autre solution, et sans doute la plus simple, est aussi suggérée par The Independent : laver ses jeans moins souvent.

Maëllyss Hedin Journaliste BFMTV