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Environnement

Des agriculteurs allument des "feux de la colère" pour protester contre les mesures sur les pesticides

Des dizaines de "feux de la colère" ont été allumés lundi soir aux quatre coins du pays pour protester contre l'arrêté du gouvernement fixant une distance minimale entre les champs traités par des pesticides et les habitations.

Ils ont incendié palettes, bottes de paille et souches. Quelques centaines d'agriculteurs ont procédé lundi soir à des actions "feux de la colère", afin d'exprimer le "malaise" du monde agricole, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs.

En Ile-de-France, des feux étaient allumés dans une demi-douzaine de lieux, dont deux dans le Val d'Oise, trois dans les Yvelines, et un dans l'Essonne, selon Amandine Muret-Beguin, céréalière, secrétaire générale des JA d'IDF-Ouest.

"On a appelé ça les feux de la colère, mais aussi les feux du désespoir, pour faire ressentir le malaise ambiant qu'il y a dans la campagne, et cet acharnement qu'on peut subir au quotidien", a-t-elle déclaré. 

"Le monde agricole est stigmatisé"

En Essonne, Damien Greffin, président de la FDSEA Ile-de-France revendiquait une quarantaine de manifestants à Etampes, avec une dizaine de tracteurs et des feux de palettes allumés.

"Le monde agricole est stigmatisé au quotidien", a-t-il expliqué. En particulier avec le récent projet de mise en place de zones de non-traitement (ZNT) de 5 à 10 mètres autour des parcelles, destinées à protéger les populations contre les dangers potentiels des pesticides, qui "a mis le feu aux poudres".

Pour Luc Mesbah, secrétaire général adjoint de la FDSEA de Haute-Garonne, interrogé sur BFMTV, ces feux de la colère sont "un avertissement" pour le gouvernement. "On veut zéro mètre, qu'on puisse traiter nos cultures au ras des maisons parce que les produits qu'on utilise aujourd'hui sont homologués, les agriculteurs sont formés", explique-t-il, assurant qu'"on ne fait pas n'importe quoi dans l'agriculture française".

Des actions prévues toute la semaine

Dans d'autres régions, des opérations du même type ont été organisées: dans la Marne, dès 17h, deux manifestations ont eu lieu à Witry-les-Reims, sur la route menant à Charleville-Mézières, avec environ 70 personnes selon la FDSEA, et Sainte-Ménehould, avec une dizaine de personnes.

Dans le Pas-de-Calais, à Coquelles, à l' approche du tunnel sous la Manche, environ 70 agriculteurs locaux avaient allumé un feu en plein champ et positionné une vingtaine de tracteurs autour d'un rond-point, sans bloquer les accès. A Calais, une manifestation de même type, sans blocage ni heurts, se déroulait au rond-point proche de l'hôpital de la ville.

Les agriculteurs entendaient protester contre les ZNT, mais pas seulement.

"Ça a été la goutte d'eau. On se fait déjà pas mal attaquer quotidiennement sur nos pratiques, alors que le gouvernement admet qu'on a l'agriculture la plus durable au monde, donc c'est un non-sens", a indiqué Amandine Muret-Beguin, aux abords de l'A13, dans le secteur de Mantes. "Je pense qu'il y a une méconnaissance du milieu agricole", a-t-elle déploré, invitant les gens à "venir discuter dans les fermes, avec les agriculteurs".

"On ne compte pas bloquer, ce n'est pas l'objectif", a indiqué cette agricultrice des Yvelines, qui compte poursuivre ces feux "toute la semaine": "après, s'il faut continuer, le désespoir est tellement présent qu'on continuera".

Jean-Michel Blanquer
Jean-Michel Blanquer © BFMTV
Mélanie Rostagnat avec AFP