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Environnement

Dérèglement climatique: les fleurs arrivent désormais avec un mois d'avance au Royaume-Uni

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - ANDERS WIKLUND / AFP

Selon les auteurs de cette étude, si cette tendance se poursuit, elle aura des répercussions sur les oiseaux, les insectes et des écosystèmes entiers.

Si des floraisons précoces, annonçant l'arrivée du printemps, peuvent égayer ceux trouvant les mois d'hiver longs et maussades, elles sont mauvais signe pour nos écosystèmes. Dans une étude publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B, des scientifiques alertent sur le fait que le dérèglement climatique fait fleurir les plantes un mois plus tôt en moyenne au Royaume-Uni.

Les chercheurs ont examiné 420.000 dates de première floraison enregistrées pour plus de 400 espèces, depuis le XVIIIème siècle. La date moyenne des premières floraisons était environ le 12 mai jusqu'en 1986, mais depuis lors, cette date a été avancée au 16 avril. En 2019, le printemps est arrivé 42 jours plus tôt que la moyenne d'avant 1986. Selon les chercheurs, cette floraison précoce est fortement corrélée à la hausse des températures mondiales depuis les années 1980.

Risque de gelées tardives

Tout comme la chute des feuilles en automne est retardée par un temps plus chaud, les fleurs apparaissent désormais plus tôt sur les plantes. Un phénomène qui pourrait avoir un effet dramatique "sur le fonctionnement et la productivité" de la nature et de l'agriculture, selon le chercheur principal de l'étude, le professeur Ulf Buntgen, de l'université de Cambridge.

"Notre système climatique est en train de changer d'une manière qui nous affecte, nous et notre environnement", a-t-il déclaré à la BBC.

Lorsque les plantes fleurissent trop tôt, elles peuvent être touchées par une gelée tardive, qui peut les tuer. De quoi endommager fortement les récoltes, notamment pour les arbres fruitiers. "Un phénomène que la plupart des jardiniers auront connu un jour ou l'autre", poursuit Ulf Buntgen.

Décalage écologique

Mais le risque le plus important lié à ce phénomène est un concept connu sous le nom d'inadéquation écologique ou décalage écologique. Face au changement climatique, les différentes plantes et animaux ne s'adaptent pas tous au même rythme. Conséquences, les espèces peuvent alors "se désynchroniser".

Alors que pollen, nectar, graines et fruits des plantes sont des ressources alimentaires importantes pour les insectes, les oiseaux et d'autres espèces sauvages, un décalage de floraison peut avoir des conséquences très négatives dans leur développement, voire leur survie. De tels décalages sont déjà observés, par exemple, entre les orchidées et les abeilles, ou encore entre les bébés mésanges et leur nourriture cruciale: les chenilles.

"Cela peut conduire les espèces à s'effondrer si elles ne parviennent pas à s'adapter assez rapidement", met en garde Ulf Buntgen dans des propos relayés par The Guardian.

Le printemps en février

Les plantes aromatiques ont connu la plus grande avancée, produisant des fleurs en moyenne 32 jours plus tôt. Les arbres ont fleuri 14 jours plus tôt et la floraison des arbustes a avancé de 10 jours. Les chercheurs pensent que les plantes aromatiques, qui se reproduisent plus rapidement, peuvent ainsi s'adapter plus facilement au réchauffement climatique.

En plus des risques pour les rendements agricoles, les chercheurs ont conclu que si les plantes du Royaume-Uni continuaient à fleurir plus tôt et que les extrêmes climatiques augmentaient encore, "les systèmes biologiques, écologiques et agricoles seraient exposés à un risque sans précédent". Si les températures mondiales continuent à augmenter au rythme actuel, le printemps pourrait finir par commencer régulièrement en février.

D'autres régions du monde ont récemment signalé des floraisons précoces. En mars dernier, le Japon a enregistré sa floraison de cerisiers la plus précoce depuis 1200 ans. En 2019, une vague de chaleur aux États-Unis a fait fleurir les tournesols plus tôt que d'habitude, car ils sont très sensibles aux changements de température. Au printemps dernier, les arboriculteurs et viticulteurs français avaient souffert de gelées tardives dévastatrices.

Salomé Robles