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Environnement

Dépasser 1,5 degrés de réchauffement pourrait déclencher des points de non-retour climatiques

Le glacier Thwaites en Antractique, un mastodonte de 120 kilomètres, fond lui aussi de manière accéléré.

Le glacier Thwaites en Antractique, un mastodonte de 120 kilomètres, fond lui aussi de manière accéléré. - HANDOUT / NASA / AFP

L'étude parue dans Science est une synthèse de plus de 200 publications scientifiques, menée afin de mieux prévoir les seuils de déclenchement de plusieurs "points de rupture"

Un réchauffement de la planète au-delà de 1,5°C, objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, pourrait déclencher plusieurs "points de basculement" climatiques qui engendreraient de catastrophiques réactions en chaîne, selon une étude publiée jeudi dans la revue Science.

Et les températures actuelles, déjà en hausse, menacent d'amorcer cinq de ces points de rupture, dont ceux concernant les calottes glaciaires d'Antarctique et du Groenland, avertissent les auteurs de l'étude, qui estiment cependant qu'il n'est pas trop tard pour agir.

"Pour moi, ça changera la face du monde, littéralement, si vous regardez depuis l'espace", avec la montée du niveau des océans ou la destruction des forêts, a expliqué Tim Lenton, l'un des principaux auteurs de l'étude.

Des conséquences dramatiques

Un "point de basculement" est "un seuil critique au-delà duquel un système se réorganise, souvent brutalement et/ou de manière irréversible", selon la définition du Groupe d'experts climat de l'ONU (Giec). Ce sont des phénomènes qui déclenchent de manière indépendante et inéluctable d'autres conséquences en cascade.

Si des premières analyses estimaient leur seuil de déclenchement dans une fourchette de 3 à 5°C de réchauffement, les progrès dans les observations et les modélisations du climat, ainsi que dans la reconstitution des climats passés, ont drastiquement abaissé cette évaluation.

Les auteurs identifient neuf "points de basculements" majeurs au niveau planétaire et sept au niveau régional, 16 au total.

Si la destruction de barrières de corail a déjà débuté, la montée des températures pourrait rendre ces destructions définitives, et ainsi toucher les 500 millions d'humains qui en dépendent.

En mer du Labrador, un phénomène d'échange de chaleur (ou convection) qui amène de l'air chaud en Europe pourrait être bouleversé, avec à la clé des hivers plus froids, comme le continent les avait connus durant le petit âge glaciaire. Un dégel accéléré du permafrost libérerait d'immenses quantités de gaz à effet de serre et modifierait en profondeur les paysages en Russie, au Canada et en Scandinavie.

Ces effets dévastateurs dépendant de la durée du réchauffement, explique l'auteur principal de l'étude, David Armstrong McKay: si les 1,5°C s'installent pendant 50 ou 60 ans, la planète devra faire face aux pires conséquences.

A.G avec AFP