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Environnement

Deinove: de nouveaux débouchés pour les agriculteurs

Deinove: des technologies vertes au service de la chimie, des bio-carburants et de la santé

Deinove: des technologies vertes au service de la chimie, des bio-carburants et de la santé - -

Le Salon de l'Agriculture fermera ses portes dimanche. Savez-vous que les déjections animales sur le Salon pourraient alimenter cinq familles françaises en électricité pendant 5 ans? 530 tonnes récupérées au total. C'est anecdotique. Il y a bien d'autres résidus agricoles. La start-up Deinove a trouvé la solution pour les valoriser.

Deinove a réussi le tour de force de dompter des bactéries de trois milliards d’années d’existence. Ou plutôt de redécouvrir et de valoriser leurs vertus. En rassemblant leurs génomes, ces bactéries peuvent ressusciter. Très résistantes, elles digèrent toute trace de sucre à partir d’amidon alimentaire ou de substrats et les transforment en biocarburant.

Depuis 2006, Deinove poursuit la recherche. Il y a la chimie verte mais aussi la biomasse. Il faut rappeler que ce n'est pas une menace pour les terres agricoles mais une source de retombées pour l'économie. Il s'agit de collecter la partie non alimentaire, des tiges, des feuilles par exemple, de les faire entrer dans un processus qui conduira à la mise au point de bioéthanol.

A l'heure actuelle, la collecte ne se met pas toujours bien en place. Ces matières organiques retournent souvent à la terre. Emmanuel Petiot, directeur général de Deinove explique qu'"avec cette solution les agriculteurs pourront approvisionner des usines localement. Une démarche créatrice d'emplois."

Et pour eux c'est un gain financier. Une tonne de biomasse avoisine les 100 à 150 euros. Ce choix impliquera des investissements en terme de matériel mais rapidement les agriculteurs pourront y voir leur avantage.

S'appuyer sur les industriels

La réglementation aide aussi beaucoup. La politique en matière d’énergie renouvelable de l’Europe va générer une augmentation de la demande de biomasse lignocellulosique de 44 % entre 2010 et 2020. C'est ce qui ressort d'une étude de l’European Biomass Review.

Un pilote pré-industriel devrait voir le jour d'ici 6 mois et Deinove peut espérer du concret d'ici deux ans. La société de Montpellier s'appuie sur un partenaire industriel fort Tereos, le numéro deux européen de l'amidon. Deinove a bien conscience qu'elle va devoir s'appuyer sur les plus grands. Soutenue par Oseo, elle peut compter aussi sur un revenu plutôt stable en bourse. Elle y est depuis 3 ans. Pas de quoi évidemment être rentable. Il faut de la patience. Elle poursuit aussi ses recherches autour des polymères. Pour passer à l'étape de l'après-pétrole. De quoi séduire les industriels.

Ce n'est donc pas un hasard si Deinove a été mise à l'honneur il y a quelques jours par Arnaud Montebourg, sur la scène de Bercy . Le ministre du redressement productif y voit un exemple de la France industrielle qui innove. Dans le monde, c'est une poignée de sociétés, à peine une vingtaine qui osent la rupture technologique dans ce domaine.

Nathalie Croisé de BFM Business