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Environnement

Dans le Finistère, une ferme aux 12.000 cochons indigne les associations écologistes

Une porcherie de Kerfourn, dans le Morbilhan (photo d'illustration)

Une porcherie de Kerfourn, dans le Morbilhan (photo d'illustration) - DAMIEN MEYER / AFP

Trois jours après l'aval donné par le préfet, l'extension d’une ferme aux 12.000 cochons à Landunvez, dans le Nord-Finistère, suscite toujours une forte opposition des riverains et des écologistes.

Une signature qui provoque la colère des associations locales. En donnant son accord mercredi pour l'extension d'une porcherie de 12.000 cochons à Landunvez (Finistère), retoquée à deux reprises par la justice administrative et contestée par de nombreux riverains, le préfet Philippe Mahé a choisi d'enterrer le débat. Mais riverains et écologistes n'abandonnent pas la bataille.

"J'ai signé l'arrêté d'extension de cet élevage", a déclaré le préfet à l'AFP, confirmant une information du quotidien Le Télégramme. "Cet élevage répond aux conditions légales d'extension", a-t-il souligné.

Plages fermées, eau dégradée, pollution de l'air... En face, les opposants dénoncent les multiples nuisances liées à cet élevage, qui viennent s'ajouter, selon eux, à celles des élevages voisins, dégradant l'environnement de la commune.

"La mafia du cochon pense triompher"

"On se fout ouvertement de nous", a réagi dès mercredi Laurent Le Berre, président de l'Association pour la protection de la côte des légendes (APPCL). Selon lui, les associations vont boycotter l'instance de suivi de la qualité de l'eau proposée par le préfet, qu'il a qualifiée de "vaste plaisanterie".

"On va demander l'abrogation de ce nouvel arrêté qui est de toute évidence parfaitement illégal", a-t-il ajouté. "Des décisions de justice sont tombées, ce n'est pas normal de régulariser par-derrière."

Les associations comptent aussi déposer plainte au pénal pour "mise en danger de la vie d'autrui". Sur Twitter, l'asso Avenir et Environnement Pays d'Iroise (AEPI) s'est indignée dès jeudi en ce sens: "Déni de démocratie. La mafia du cochon pense triompher. Nous n’en doutions pas. La plainte au pénal est prête". Elle a appelé à manifester ce dimanche.

"Il s’agit ici d’une illustration de l’impossibilité juridique d’endiguer les installations polluantes et illicites (...). La justice est bafouée par un État qui préfère privilégier l’économie polluante plutôt que la santé humaine", a réagi Arnaud Clugery, porte-parole d’Eau & Rivière de Bretagne.

La promesse d'un suivi de la qualité de l'eau

Pour répondre aux préoccupations des habitants, le préfet a annoncé la mise en place d'une "instance locale de suivi" de la qualité de l'eau sur ce territoire. "On mettra en toute transparence, sur la table, le suivi de la qualité de l'eau. S'il y a des pollutions, on en cherchera l'origine", a assuré le préfet.

"Ce n'est pas satisfaisant de savoir que des plages sont polluées mais personne n'a pu dire de manière précise l'origine des pollutions", a-t-il ajouté.

La semaine dernière, le conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) avait déjà donné un avis favorable au nouveau dossier déposé par cet élevage baptisé Avel Vor ("vent de la mer" en breton). Le propriétaire de cette ferme, Philippe Bizien, est un puissant éleveur à la tête du comité régional porcin de Bretagne.

Précédemment encore, une enquête publique menée en 2015 avait émis un avis défavorable à cette extension. Mais le préfet de l'époque l'avait néanmoins autorisée en avril 2016.

Saisie par les opposants, la justice administrative a annulé l'arrêté d'extension en première instance et en appel, en 2019 et 2021. Mais la porcherie était alors déjà agrandie, produisant 27 000 porcs charcutiers par an dans une commune d'à peine 1 500 habitants, en vertu d'une autorisation préfectorale provisoire.

L.B avec AFP