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Crues importantes: à cette époque de l'année "c'est totalement exceptionnel"

Les pluies de ces dernières heures sont venues s'ajouter aux intempéries de ces dernières semaines. "Les sols sont saturés et finalement les inondations sont là", explique une hydrologue sur BFMTV.

Les images de routes submergées et de voitures inondées par une eau boueuse se sont multipliées ces derniers jours, après des épisodes de fortes pluies et d'orages. "Ce n'est jamais arrivé, en 13 ans que je suis là ce n'est jamais arrivé", déclarait ce jeudi sur BFMTV Thomas, habitant de Longuyon (Meurthe-et-Moselle), commune touchée par de fortes inondations ces dernières heures.

Près d'un mois après le début de l'été, le soleil et la chaleur se font en effet attendre, remplacés par des intempéries, parfois violentes. Des crues de cette ampleur à cette époque de l'année "c'est totalement exceptionnel", note sur notre antenne Emma Haziza, hydrologue, présidente du centre de recherche Mayane.

"Des crues atypiques pour la saison"

"Nouvel épisode fortement pluvieux, inhabituel pour la saison, concernant de larges territoires", souligne ainsi VigiMétéoFrance dans son dernier bulletin. "Un grand nombre de territoires font face à des crues atypiques pour la saison", écrit également la plateforme VigiCrues. Dans la Haute-Marne et le Jura, il est ainsi tombé en quelques jours 3 semaines à 1 mois de pluie.

"On a fait face à une succession d'événements, de dépressions répétées avec le phénomène de goutte froide", explique Emma Haziza. Sur la France, la Belgique, le Luxembourg, mais aussi l'Allemagne, "on est face à un air froid extrêmement clos, localisé et entouré de masses d'air extrêmement chaudes, ce qui nous amène des précipitations continues. Les sols sont saturés et finalement les inondations sont là".

De plus, les épisodes de pluie répétés viennent "s'additionner dans un période où les nappes ont normalement tendance à se vidanger", explique l'hydrologue. "Là on est vraiment sur un très haut niveau des nappes, un très haut niveau des cours d'eau, donc les sols qui sont totalement imbibés ne peuvent plus transmettre cette eau dans les milieux dessous", d'autre part "quand on arrive sur des zones de ville, l'eau ne peut pas s'infiltrer" en raison de l'artificiliasation des sols.

"Sur des sols déjà très humides pour la saison, ces précipitations alimenteront des crues parfois rapides sur de nombreux cours d'eau sur l'est et le nord du pays", alerte ainsi Vigicrues.

VigiMétéoFrance prévient de son côté que "des coulées de boue sont possibles dans les secteurs en pente".

À quand l'accalmie?

11 départements sont actuellement en vigilance orange pluie-inondation et crues, et "la perturbation pluvio-orageuse continue de s'enrouler sur le pays et va perdurer jusqu'à vendredi" écrit Vigicrues. "Pour la Haute-Marne et la Haute-Saône, il faudra attendre cet après-midi pour que les pluies diminuent. Sur le Doubs et le Jura, le retour au calme ne devrait pas se faire avant la nuit de jeudi à vendredi", explique de son côté VigiMétéoFrance. Un temps plus estival est attendu ce week-end.

Ces phénomènes restent inquiétants, s'ils sont amenés à se reproduire régulièrement. "On voit que les phénomènes s'accélèrent, sont de plus en plus graves", note Emma Haziza.

"Le changement climatique génère une augmentation des extrêmes et notamment une augmentation des grosses chaleurs et des sécheresses, ce qu'on a vu sur l'Espagne le week-end dernier. Là on est face à une anomalie", explique à Franceinfo Alix Roumagnac, président de Predict Services, qui parle de "dérèglement climatique".

Le seul point positif qu'il retient de ces événements météorologiques est que, après les inquiétudes de sécheresse exprimées au printemps, les pluies actuelles vont recharger les nappes phréatiques, et éviter des manques d'eau quand de plus fortes chaleurs arriveront.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV