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Climat

Une étude dresse un lien entre déforestation et baisse des précipitations

Cette photographie aérienne montre une zone de déforestation de l'Amazonie, le 15 septembre 2021.

Cette photographie aérienne montre une zone de déforestation de l'Amazonie, le 15 septembre 2021. - Mauro Pimentel / AFP

Des chercheurs de l'Université de Leeds ont établi que 1% de perte de forêt réduit les précipitations de 0,25% par mois.

Une étude publiée ce mercredi dans la revue Nature montre pour la première fois à grande échelle une relation entre déforestation et réduction des précipitations. De précédents travaux, concentrés sur des cas d'études, avaient déjà souligné un lien de causalité.

Cette fois, les scientifiques ont mené "une analyse plus large sur l'interaction entre la déforestation et les précipitations". Ces travaux se basent sur une période allant de 2003 à 2017, et a nécessité l'exploitation de données satellites.

Le rôle clef de "l'évapotranspiration"

"Les forêts tropicales jouent un rôle clef dans le cycle de l'eau et peuvent influencer les précipitations locales et régionales", déclarent de prime abord les trois auteurs de l'étude, rattachés à l'Université à Leeds.

Un phénomène est pointé du doigt pour expliquer cette dynamique: l'évapotranspiration, soit le procédé par lequel de l'eau est envoyée dans l'atmosphère via la transpiration des plantes.

Cette transpiration des végétaux "est un élément majeur des précipitations régionales", et est à l'origine de 41% des pluies en Amazonie, 50% dans le bassin du Congo.

10% de précipitations en moins dans le bassin du Congo en 2100?

Concrètement, l'étude révèle que plus l'espace déforesté est important, plus les précipitations vont être perturbées. Sur des zones grandes de 200 km2, 1% de perte de forêt réduit les précipitations de 0,25% par mois. En Amazonie, cette baisse est la plus marquée durant les saisons transitoires.

Dans le bassin du Congo, "nous estimons que la déforestation future va réduire les précipitations locales entre 8 et 10% d'ici à 2100", continuent les auteurs, qui appellent à la protection des forêts tropicales à travers le monde.

"J'espère que notre travail incitera les décideurs politiques et les décideurs des pays tropicaux à conserver les forêts tropicales pour aider à maintenir un climat local plus frais et plus humide, avec des avantages pour l'agriculture et les populations locales", a déclaré au Guardian le professeur Dominick Spracklen, un des auteurs de l'étude

Des effets désastreux sur l'agriculture

Selon l'étude, la réduction des précipitations, en plus d'être une menace pour la forêt, a un impact fort sur l'agriculture. "En moyenne, les rendements des cultures diminuent de 0,5% pour chaque point de réduction des précipitations", détaille l'étude.

"De plus, la réduction des précipitations sur les zones restantes de la forêt tropicale devrait entraîner une perte supplémentaire de forêts ainsi qu'un impact sur la composition des espèces, la présence de carbone et la fréquence des incendies", continue le document.

Mais serait-il déjà trop tard pour changer cette inquiétante dynamique? L'étude met en garde sur la situation en Amazonie, qui atteindrait un point de non-retour: dans un futur proche le poumon de la planète pourrait ne plus être en capacité de produire ses propres chutes de pluies, entraînant l'assèchement de sa végétation.

Jules Fresard