Sécheresse: 19 départements déjà concernés par des restrictions liées à l'eau

La quasi-totalité des Pyrénées-Orientales a été placée en "crise sécheresse" mercredi. Des portions du Gard, du Var et des Bouches-du-Rhône sont également dans cette situation.

Mercredi 10 mai, les trois-quarts du département des Pyrénées-Orientales sont entrés en phase de "crise sécheresse", le seuil d'alerte le plus grave que peut décréter la préfecture.

Un telle décision s'accompagne de nombreuses restrictions, comme la réduction drastique des prélèvements hydriques pour les agriculteurs, jusqu'à 80% pour les cultures maraîchères en plein champ. Il est également interdit d'arroser les potagers, les terrains de sport, de faire fonctionner les douches de plage et de remplir les piscines.

19 départements au minimum en état alerte

Mais les Pyrénées-Orientales ne sont pas le seul département à faire face à une situation de stress hydrique. Si l'on en croit la carte des arrêtés préfectoraux recensés par le ministère de la Transition écologique et le site Propluvia, 18 autres départements de la métropole ont une partie de leur territoire au minimum en état d'alerte pour les eaux superficielles ou souterraines, majoritairement autour du pourtour méditerranéen.

Un état d'alerte implique déjà plusieurs mesures concrètes concernant l'usage de l'eau, à savoir une "réduction de tous les prélèvements en eau et interdiction des activités impactant les milieux aquatiques; restrictions en matière d’arrosage, de remplissage et de vidange des piscines, de lavage de véhicules et d’irrigation de cultures", détaille le ministère de la Transition écologique.

La carte des arrêtés liés à l'eau en France au 11 mai 2023. © Propluvia

Il s'agit de l'Aude, de l'Hérault, du Gard, des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-Maritimes, ainsi que des Alpes-de-Haute-Provence et du Vaucluse. La Drôme et l'Ardèche sont également concernées, ainsi que l'Ain, la Haute-Saône, le Loiret, la Seine-et-Marne, les Yvelines, l'Oise, la Vienne et les Deux-Sèvres.

Et certains sont même considérés en "crise sécheresse" sur une portion de leur territoire, à l'image des Pyrénées-Orientales. Il s'agit du Gard, des Bouches-du-Rhône, et dans une moindre mesure, du Var.

En parallèle, 30 autres départements sont placés en vigilance, le plus bas niveau d'alerte. Ce dernier n'implique pas de mesures concrètes de restrictions, mais simplement une incitation envoyée aux particuliers et professionnels à économiser l'eau.

8 arrondissements de Marseille concernés

Dans un communiqué de presse publié le 24 avril, la préfecture du Gard indiquait que "compte tenu de l'ensemble des données recueillies, Madame la préfète du Gard a décidé de placer la zone Cèze aval en 'crise'".

Une situation où "seuls sont autorisés les usages prioritaires de l'eau, concourants à l'alimentation en eau potable des populations, à la survie des espèces aquatiques, à l'abreuvement des animaux, à la sécurité civile et à la salubrité publique".

Dans les Bouches-du-Rhône, ce sont 19 communes qui sont considérées en crise, dont huit arrondissements de Marseille. Dans le Var, deux communes sont en "crise sécheresse".

Une situation comparable à l'Espagne?

À mesure que l'été approche, la sécheresse gagne progressivement du terrain parmi les différents départements français. En cause, une année 2022 historiquement sèche, et un hiver avec peu de précipitations, ce qui n'a pas permis de remplir en quantité suffisante les nappes phréatiques.

La préfecture des Pyrénées-Orientales a indiqué que l'épisode de sécheresse, commencé en juin 2022, était "le plus long et le plus intense depuis le démarrage des suivis de l'humidité des sols par Météo-France en 1959". Le déficit pluviométrique sur les 12 derniers mois est estimé entre 60 et 65%.

Sur BFMTV mercredi, Serge Zaka, docteur en agroclimatologie, a indiqué que les Pyrénées-Orientales était "dans la lignée de ce qui se passe en Espagne", notamment en Catalogne, où le réservoir de Rialb n'est actuellement rempli qu'à 5%.

Mais de manière plus générale, "c'est tout le bassin méditerranéen qui est concerné, s'il ne repleut pas", a indiqué le spécialiste. La situation dans les Pyrénées-Orientales apparaît donc comme un avant-goût de ce qui attend d'autres départements français si les conditions météorologiques n'évoluent pas.

Jules Fresard