BFMTV
Climat

Réchauffement climatique: du gaz hilarant s'échappe de l'Arctique

Un ours polaire teste la solidité de la glace arctique (photo d'illustration)

Un ours polaire teste la solidité de la glace arctique (photo d'illustration) - Mario Hoppmann-AFP

Un nouveau signe alarmant du réchauffement climatique. Avec la fonte du permafrost au pôle nord, du gaz hilarant est relâché dans l'atmosphère. Un gaz particulièrement dangereux pour la planète.

Du gaz hilarant au pôle Nord. Si la nouvelle peut prêter à sourire, elle est pourtant inquiétante. Du protoxyde d'azote, également appelé gaz hilarant, emprisonné dans le permafrost, est libéré par la fonte des glaces polaires, révèle une étude scandinave publiée fin mai dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences.

Pouvoir de réchauffement 300 fois plus puissant que le CO2

Présent dans le pergélisol, ce sol censé être gelé en permanence, ce gaz N2O relâché dans l'atmosphère est une bien mauvaise nouvelle pour le climat: il a un pouvoir de réchauffement 300 fois plus puissant que le CO2, le dioxyde de carbone. Et pourrait concerner un quart du sol de l'Arctique.

Pour parvenir à ces conclusions, les scientifiques ont prélevé seize échantillons de permafrost en Laponie finlandaise. Puis ils ont réchauffé en laboratoire. Selon eux, le phénomène est d'autant plus important dans les zones dénuées de végétation.

"Les plantes absorbent l'azote du sol et réduisent le stock disponible pour la production de protoxyde d'azote, a expliqué la chercheuse Carolina Voigt, interrogée par la chaîne australienne ABC. Les plantes sont donc très efficaces pour réduire les émissions de protoxyde d'azote."

"Les premiers signes du réchauffement dans l'Arctique"

Les chercheurs craignent que le permafrost dégelé n'émette autant de protoxyde d'azote que les forêts tropicales, dont la déforestation est à l'origine de 20% des émissions de gaz à effet de serre.

L'Arctique est souvent considérée comme un miroir des effets du réchauffement climatique. L'évaluation Swipa du Programme de surveillance et d'évaluation de l'Arctique, fruit d'une collaboration de 90 scientifiques du monde entier, a signalé que le réchauffement de l'Arctique était plus rapide et plus dévastateur que prévu. 

"Le climat de l'Arctique est en pleine transformation" qui "a des conséquences profondes sur les peuples, les ressources et les écosystèmes du monde entier".

Par exemple, certaines régions de l'océan arctique ne gèlent plus. Selon un expert de la glace arctique, auteur de ce rapport: "nous constatons les premiers, et les plus percutants, signes du réchauffement climatique dans l'Arctique".

Une précédente étude menée par deux climatologues avait déjà révélé qu'une tonne de C02 émise dans l'atmosphère -soit l'équivalent d'un vol Paris-New York- faisait fondre trois mètres carré de banquise arctique. En 2015, la température de l'air dans l'Arctique a atteint un record depuis le début des relevés en 1900, dépassant la normale de 1,3 degré.

Céline Hussonnois-Alaya