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Climat

Crustacés échoués en Californie, la faute à El Niño?

Des centaines de milliers de crustacés se sont échoués sur les plages de Californie la semaine dernière. Le premier suspect de cette scène inédite s’avère être le phénomène El Niño. Explications.

Les premiers signes du retour d'El Niño ? Une immense colonie de petits crustacés, appelé galathées et qui ressemblent à des mini-crevettes rouges, ont été poussés sur les côtes de Californie, envahissant les plages de San Francisco à Newport Beach, au sud de la périphérie de Los Angeles. Même si certaines parviennent à regagner la mer, les petites crevettes continuent de s’échouer et de mourir par centaines sur les plages. Un phénomène qui étonne les pêcheurs de la région, qui annoncent n’avoir jamais rien vu de tel.

Les autorités se sont empressées d’avertir la population de ne pas récupérer les mini-écrevisses sur la plage, leur ingestion pouvant être extrêmement dangereuse. La plus grande prolifération d’algue toxique jamais détectée auparavant, s’étend dans l’océan Pacifique depuis peu, et pourrait avoir contaminé les crustacés. La présence de toxines au potentiel paralysant, voire mortel pour l’homme, prolifère dans cette efflorescence d’algues, au large des côtes de Californie, contaminant mollusques et crustacés.

Les premiers dégâts d'El Niño 2015?

Cet échouage est d’autant plus étrange que cette espèce de crustacé n’a pas été observée en Californie depuis des décennies. L’habitat naturel des galathées se localise habituellement dans les eaux plus chaudes du Mexique. Les scientifiques pensent que les crabes auraient été portés loin de leur habitat naturel par un courant chaud inhabituel. En effet, la surface de la mer près des côtes californiennes a enregistré 4 à 7 degrés Celsius de plus que la normale, un phénomène lié à un changement radical du modèle climatique de l’océan Pacifique.

Un courant chaud qui n'est pas sans rappeler El Niño. Ce phénomène climatique périodique se caractérise par des températures anormalement élevées de l’eau du Pacifique, et crée des perturbations conséquentes. Résultat : cela provoque de nombreux bouleversements climatiques autour du globe.

Le long des côtes américaines, les températures élevées créent des courants chauds de surface qui empêchent la remontée d’eau froide, chargée de nutriments. Les écosystèmes littoraux s'y retrouvent stérilisés et la faune marine décline. Lors d'un contexte El Niño, l'Australie, l'Amérique du Sud et l'Indonésie sont directement exposées à une grande sécheresse, tandis que les États-Unis connaissent habituellement des précipitations extrêmes.

"En général, El Niño suscite aussi un affaiblissement des moussons indienne et africaine, mais il faut voir cela comme un effet statistique, qui ne se vérifie pas systématiquement", précise Hervé Douville, chercheur au Centre national de la recherche météorologique (CNRM), au Monde. Quant à l'Europe, c'est un des rares continents où les effets du phénomène sont relativement faibles, pour le moment.

L’agence NOAA (Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique) a d'ailleurs annoncé le retour d’El Niño, fin mai, après cinq ans d’absence, et craint un phénomène particulièrement violent cette année pouvant battre tous les records. "S’il n’y a pas d’éruption volcanique d’ici à la fin de l’année, nous sommes à peu près sûrs que l’année 2015 marquera un nouveau record de température", explique le climatologue.

Cette prévision inquiète les scientifiques : si le phénomène est de forte intensité, il engendre systématiquement des conséquences extrêmes dans le monde.