BFMTV
Climat

Climat: "2015 sera probablement l'un des trois étés les plus chauds jamais enregistrés"

42°C à Lyon, le 7 août 2015.

42°C à Lyon, le 7 août 2015. - Philippe Desmazes - AFP

Du soleil et de la chaleur en juin, en juillet, et probablement jusqu'à la mi-août. Mais pourquoi fait-il si chaud en France cet été?

Oui, il fait chaud, ce n'est pas une vue de l'esprit. Mais prenez votre mal en patience car des étés comme celui-là, il pourrait bien y en avoir d'autres dans les années à venir. En 2015, les semaines ensoleillées et sèches se sont succédées dans l'Hexagone. La faute à une grosse masse d'air chaud venue d'Afrique, comme l'a expliqué à BFMTV.com Michel Daloz, prévisionniste à Météo France.

Cet été est-il particulièrement chaud ou s'agit-il d'une simple impression?

Ce n'est pas qu'une impression. Le mois de juin a déjà été très ensoleillé avec, au nord du pays, un début de sécheresse. Et d'après les derniers relevés, juillet 2015 a été particulièrement chaud. C'est le troisième mois de juillet le plus chaud depuis le début des relevés en 1900, derrière 1983 et 2006. Au début du mois, on a eu une vague de chaleur particulièrement précoce, suivie d'une seconde au milieu du mois. De nombreux records ont été battus, dépassant même ceux de 2003. On a souvent été entre 2 et 9 °C au-dessus des normales saisonnières.

Globalement, on est dans les étés très chauds du type 2006, 2003 ou 1983. Il y a de fortes chances que 2015 soit l'un des trois étés les plus chauds jamais enregistrés.

Cette vague de chaleur est-elle uniforme en France?

Il n'y a pas que la France. L'Espagne, la Croatie, le nord de l'Italie subissent aussi de fortes chaleurs.

Il y a eu des précipitations assez importantes en Bretagne et sur les côtes de la Manche. Mais globalement, la pluviométrie est restée très faible. Chaleur et peu de pluie, ces deux critères ont provoqué un assèchement des sols même si les nappes phréatiques ont été bien remplies l'hiver dernier. 70 départements français sont aujourd'hui concernés par la sécheresse, notamment dans le Massif central, le nord-est, les Alpes. Le Limousin, la Bourgogne et la Champagne ont été très touchés. A Limoges par exemple, on a relevé 12 millimètres de pluie en juillet contre 50 à 60 mm normalement. A Troyes, il n'y a eu que 5 mm et à Bastia ou à Nice, il n'a quasiment pas plu.

L'ensoleillement a été très généreux sur le sud, le centre et le nord-est: on a eu un record de 310 heures d'ensoleillement en juillet à Clermont-Ferrand et 316 heures à Bourg-saint-Maurice, par exemple.

Et côté chaleur on a aussi battu des records: 35,4°C à Boulogne-sur-mer contre 34,8 en 2003 ou 41,1 à Saint-Etienne contre 40,8 en 1983! Toutes les régions ont beaucoup souffert de la chaleur mais le centre, Lyon et les Alpes ont connu des records, surtout dans la durée. Quant à l'eau de la mer Méditerranée et même de l'Atlantique, c'est une bouilloire.

D'où vient cette vague de chaleur?

On a longtemps eu un anticyclone qui nous a protégé du côté de l'Allemagne, et de l'est de la France. Puis il y a une vague de chaleur qui remonte d'Afrique et un flux de sud qui a ramené cet air chaud. On parle de situation de blocage. On l'a vue se dessiner au début du mois de juillet mais on ne pensait pas que cela allait durer un mois. La masse d'air chaud est restée là.

Mais l'Europe du Nord et la Russie sont eu un mois de juillet assez frais. Cela fluctue, l'an dernier, on a eu un été moyen.

Combien de temps cela va-t-il durer?

On a déjà eu quelques épisodes orageux qui ont apporté de la pluie début août. Cela a fait un souffle de frais sur le sol. Jusqu'à la semaine prochaine, on reste dans des températures estivales. Puis, après le 15 août, on attend à nouveau des orages, on pourrait descendre entre 24°C et 30°C. Mais ce n'est pas pour cela que la chaleur ne va pas revenir après le 18 août.

Peut on faire un lien avec le dérèglement climatique?

C'est inquiétant. On observe depuis 20 ans que le schéma du réchauffement climatique se reproduit. Il se traduit par des événements marquants plus fréquents, de gros réchauffements, des vagues de chaleur qui facilitent les tempêtes, des hivers doux... et cela sur des fenêtres de temps plus longues qu'avant.

Peu à peu, l'ensemble de la France devrait se réchauffer. Ce que l'on observe parfois nous laisse pantois. Mais attention, cela ne veut pas dire que l'an prochain il n'y aura aucune variation, il pourra très bien faire plus froid.