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Ces lieux qui pourraient disparaître: les glaciers français

Le massif du Mont Blanc en août 2008 depuis le trou de la Mouche,  dans le massif des Aravis.

Le massif du Mont Blanc en août 2008 depuis le trou de la Mouche, dans le massif des Aravis. - Ymaup - Wikimedia CC

2/5 - Cet été, BFMTV.com vous emmène dans cinq lieux de la planète menacés ou condamnés par le réchauffement climatique. Focus sur une mort lente mais programmée: celle des glaciers français, dans les Alpes et surtout dans les Pyrénées.

Une génération. C'est le temps qui nous sépare d'une possible disparition totale des glaciers de la chaîne des Pyrénées, qui culminent à 3.404 mètres avec le pic d'Aneto, du côté espagnol. Le réchauffement climatique provoque en quelques années le recul inexorable des glaces millénaires, sous l'oeil impuissant des scientifiques.

Bien avant la notion de réfugié climatique là où la montée des eaux menace, les glaciers ont été les premiers témoins du dérèglement du climat. Dans les Pyrénées, les randonneurs les voient fondre chaque été, quand la glace se disloque et glisse sous leurs yeux. C'est le cas notamment dans le massif du Vignemale: le glacier des Oulettes, situé entre 2.300 et 2.600 mètres, est le plus bas de la chaîne en altitude, et se retrouve donc en première ligne des glaciers condamnés (comparez les photos ci-dessous). Selon les années, il descend de 50 à 70 mètres, un phénomène naturel pour les glaciers, sauf qu'ici, il ne se recharge plus en amont, sous l'effet combiné du manque de neige et de l'élévation des températures moyennes.

Dans les Pyrénées, le recul des glaciers est plus marqué encore que dans les Alpes: au cours des années 2000, la chaîne a perdu la moitié de ses 40 glaciers, quand leur superficie totale est passée de 5 à 3,5 km². A ce rythme, "il est probable qu'au milieu du 21e siècle, les Pyrénées ne comptent plus de glaciers en tant que tels (c'est-à-dire d'une surface supérieure à 2 hectares), mais seulement quelques lambeaux de glace morte", peut-on lire sur le site de l'Observatoire pyrénéen du changement climatique.

Dans les Pyrénées, vue sur le massif du Vignemale en juillet 1967...
Dans les Pyrénées, vue sur le massif du Vignemale en juillet 1967... © Daniel Villafruela - Wikimedia CC
... et ici près 38 ans plus tard, en juillet 2005. Le recul du glacier est très net, au point qu'aujourd'hui, sa disparition est programmée.
... et ici près 38 ans plus tard, en juillet 2005. Le recul du glacier est très net, au point qu'aujourd'hui, sa disparition est programmée. © Seb_cazu - Wikimedia CC

La Mer de glace, un géant qui rapetisse chaque année

Dans les Alpes, l'emblématique Mer de Glace est un étalon significatif du recul des glaciers. Chaque année, ce monument naturel unique au monde perd 30 mètres sur ses 7 km de longueur, mais se réduit aussi de 8 à 10 mètres en épaisseur, sur un total de 200 à 400 mètres. Régulièrement, il faut aménager de nouvelles échelles pour permettre aux randonneurs de l'atteindre.

De même que dans les Pyrénées, la Mer de Glace n'est pas un cas isolé. A Grenoble, le laboratoire de glaciologie du CNRS mesure notamment l'évolution de 5 glaciers des Alpes françaises. Ainsi, "le glacier de Saint-Sorlin-d'Arves a perdu près de 50 m d'épaisseur depuis le début du 20e siècle (...). Au cours des 25 dernières années, le glacier a perdu 1,20 m d'épaisseur par an, lit-on sur le site de l'Observatoire savoyard du changement climatique dans les Alpes du Nord. Soit une accélération du phénomène.

Certes, les glaciers alpins reculent depuis 150 ans. Selon des glaciologues du CNRS, le phénomène s'est d'abord expliqué par une diminution moyenne des chutes de neige. Mais l'arrivée systématique des étés plus chauds précipite la fonte des glaciers. D'ici à la fin du siècle, des étés plus chauds et des hivers plus doux associés à une diminution des chutes de neige pourraient avoir raison des glaciers français.

Chaque année, la Mer de Glace perd en longueur et en épaisseur.
Chaque année, la Mer de Glace perd en longueur et en épaisseur. © Jonathan M - Wikimedia CC