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Ces lieux qui pourraient disparaître: la Grande barrière de corail en Australie

Des poissons-clowns dans la Grande barrière de corail, au large de la ville australienne de Cairns. La faune marine, d'une époustouflante diversité, est menacée par l'action combinée du réchauffement climatique et du développement économique.

Des poissons-clowns dans la Grande barrière de corail, au large de la ville australienne de Cairns. La faune marine, d'une époustouflante diversité, est menacée par l'action combinée du réchauffement climatique et du développement économique. - Leonard Low - Wikimedia CC

4/5 - Cet été, BFMTV.com vous emmène dans cinq lieux de la planète menacés ou condamnés par le réchauffement climatique. Direction la Grande barrière de corail, sur la côte du nord-est de l'Australie: un joyau mondial de la biodiversité menacé de disparition à court terme.

C'est l'une des plus belles réserves de biodiversité, l'une des plus fragiles aussi. Plus de 1.500 espèces de poissons et de crustacés multicolores cohabitent parmi 350 espèces de coraux qui, contrairement à une idée répandue, font eux aussi partie du règne animal. Longue de plus de 2.500 km au large des côtes de l'Etat australien du Queensland (nord-est), la Grande barrière de corail est le plus grand récif corallien du monde. Mais jusqu'à quand?

Au cours des trente dernières années, à peine plus d'un quart de siècle, ce miracle du monde vivant a disparu de moitié, selon l'Institut australien des sciences marines (AIMS), dans une étude publiée en 2012 par l'Académie américaine des sciences.

Le réchauffement climatique et la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes qui lui sont associés sont en partie responsables de cette dégradation à grande échelle. Selon cette étude, les puissants cyclones tropicaux qui balaient la côte sont pour près de moitié à l'origine des dégâts causés sur les récifs. L'élévation de la température des océans, elle, provoque peu à peu le blanchiment, autrement dit la mort des coraux.

Vue satellite d'une partie de la Grande barrière de corail, au nord-est de l'Australie, ici en 2011.
Vue satellite d'une partie de la Grande barrière de corail, au nord-est de l'Australie, ici en 2011. © Jesse Allen - NASA Earth Observatory

L'Australie considère en avoir fait assez

Le réchauffement des océans étant un phénomène mondial, on serait tenté d'accuser la fatalité. Pourtant, le boom économique de cette région de l'Australie porte sa part de responsabilité: le gouvernement australien est montré du doigt pour sa politique de développement industriel à proximité des récifs. Pour exploiter les richesses du sous-sol du Queensland - charbon, uranium, minerai de fer -, de nouvelles infrastructures portuaires ont vu le jour, qui permettent d'accueillir des cargos géants. Or, le dragage des fonds marins pour leur approche cause de nombreux dégâts, quand vient l'heure de déverser les déchets à proximité des coraux.

Au début de cette année, et pour tenter de faire réagir les autorités australiennes, l'Unesco a brandi la menace d'inscrire la Grande barrière de corail sur la liste du patrimoine mondial en péril. Depuis 1981, le site fait partie du patrimoine mondial à l'Unesco. Greg Hunt, le ministre de l'environnement australien, a mis fin aux déversements de déchets dans les parcs marins.

Autre prédateur de la Grande barrière, les rejets de pesticides et d'engrais agricoles, pointés par le Fonds mondial pour la nature: le WWF a relevé des concentrations anormales jusqu'à 60 km au coeur de la barrière corallienne. A leur tour, les engrais participent à la prolifération d'une redoutable étoile de mer appelée "couronne d'épines", qui dévore littéralement le corail.

Malgré tous ces dangers, le ministre australien de l'Environnement estime qu'avec les efforts consentis, "dans un siècle, la Grande barrière sera non seulement dans le même état, mais même en meilleur état que depuis le début de la colonisation européenne".

L'étoile de mer dite "couronne d'épines", ou Acanthaster planci, menace l'écosystème de la Grande barrière de corail, par sa prolifération.
L'étoile de mer dite "couronne d'épines", ou Acanthaster planci, menace l'écosystème de la Grande barrière de corail, par sa prolifération. © Jon Hanson - Flickr - Wikimedia CC