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Environnement

Cargo Modern Express: l'opération de remorquage est un "succès"

Dépose des experts de Smit Salvage sur le le cargo Modern Express.

Dépose des experts de Smit Salvage sur le le cargo Modern Express. - Préfecture maritime.

Le Centaurus, un remorqueur espagnol avec lequel il avait été connecté à 44 km des côtes, "a réussi à le pivoter, à lui mettre le nez vers le large, et il a commencé le remorquage. Le cargo Modern Express est à la dérive depuis sept jours dans le Golfe de Gascogne.

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L'ultime tentative de remorquage est "un succès".

Le cargo "est tracté vers l'ouest" à 44km des côtes. 

Si l'opération réussit, le navire pourrait être remorqué vers l'Espagne.

L'opération de remorquage du cargo Modern Express, à la dérive depuis sept jours dans le Golfe de Gascogne et menaçant de s'échouer sur les côtes landaises, est un "succès", a annoncé lundi à la mi-journée la préfecture maritime. Le Centaurus, un remorqueur espagnol avec lequel il avait été connecté en fin de matinée, à 44 km des côtes, "a réussi à le pivoter, à lui mettre le nez vers le large, et il a commencé le remorquage. Le convoi fait actuellement route vers l'ouest à 3 noeuds (5,4 km/h)", a précisé un porte-parole de la préfecture lors d'un point de presse à Brest.

Car, selon la préfecture, la remorque (câble, ndlr) utilisée, "plus souple, plus facile, plus maniable", peut "casser", notamment en raison de la houle qui restait importante en début d'après-midi avec des creux de 2,50 à 3 mètres de haut, et de la force de traction. "Si la remorque casse dans l'heure qui vient, on sera dans la même situation que ce (lundi) matin", a averti le capitaine de frégate. Il faudra alors "repasser une remorque aujourd'hui" pour que le navire ne s'échoue pas, a-t-il ajouté, indiquant que les conditions météo restaient favorables, le cas échéant, pour une nouvelle tentative.

"La priorité est de l'éloigner des côtes"

Quatre spécialistes de la société SMIT Salvage se trouvent à bord. La suite des opérations prévoit un hélitreuillage "dans l'heure" des 4 spécialistes qui sont encore sur le navire. Il sera alors envisageable de "faire pivoter le Modern Express face au vent", puis de "monter en allure" pour que le remorquage commence vraiment. "La priorité est de l'éloigner des côtes, cap à l'ouest".

En fin de matinée, le préfet des Landes indiquait que le cargo "est tracté vers l'ouest". "Des négociations sont en cours pour décider du port d'accueil". Les ports possibles pouvant servir de "port refuge" ne sont "pas encore définis", a répété le capitaine Renaux, ajoutant cependant que des plans d'eau calmes, nécessaires pour stabiliser le navire en vue de son redressement, "il y en a sur les côtes françaises et il y en a sur les côtes espagnoles"

Il s'agissait ce matin de mettre en place une "remorque de mer", soit un câble pesant "35 kg par mètre", a expliqué Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du cluster maritime français. Il fallait ensuite étendre cette remorque "sur plus d'une centaine de mètres pour créer un effet de chaînette qui permet d'absorber les tensions".

Une chance sur deux de réussir

La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal avait estimé qu'il y a "une chance sur deux de réussir le remorquage". Le Modern Express, cargo de 164 mètres de long, transportant 3.600 tonnes de grumes de bois et des engins de travaux, se trouvait dimanche vers 18 heures à 85 km à l'ouest du Bassin d'Arcachon, poursuivant sa dérive sud-est, ralentie à 1 noeud (1,8 km/h).

Dimanche, une météo hostile, avec des rafales à 80 km/h le matin, à 50 km/h en fin de journée, des creux de près de 6 m, a empêché toute tentative d'hélitreuiller sur le cargo des experts en renflouement de la société néerlandaise spécialisée Smit Salvage, pour préparer le remorquage. Cette météo offre une fenêtre lundi matin, avec des vents à 15-25 noeuds (27-37 km/h), mais encore une forte houle.

Qu'est-il prévu en cas d'échec?

En cas d'échouage, des plans antipollution Polmar, Mer et Terre, seront déclenchés localement. Des brèches pourraient se produire dans les soutes à gazole du cargo lors de l'échouage, mais le préfet maritime a assuré qu'il "ne craint pas du tout de marée noire", le bateau ne transportant que 300 tonnes de gazole de propulsion. A titre de comparaison, le pétrolier Prestige, naufragé en 2002 au large de la Galice, transportait 77.000 tonnes de fioul.

Ségolène Royal a assuré dimanche qu'en cas de fuite seraient mobilisés "tous les moyens déjà sur place: la sécurité civile, le travail du préfet maritime, 70 militaires spécialisés, des barrages - des gros boudins qu'on met sur la mer pour empêcher la marée noire de venir". 

Ensuite, le Modern Express semble voué à un démantèlement (ou découpage), comme le cargo espagnol Luno en 2014 sur la plage d'Anglet (Pyrénées-Atlantiques), plutôt qu'un renflouement, comme le néerlandais Artemis aux Sables d'Olonnes (Vendée) en 2008.

David Namias avec Antoine Heulard