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Environnement

À cause de l'exceptionnelle douceur automnale, les moustiques sont toujours présents

L'espérance de vie des moustiques femelles, les seules à piquer l'homme, est allongée par les fortes chaleurs dans certaines villes françaises ces dernières semaines.

À Narbonne, dans l'Aude, on s'est résigné à ressortir les spirales antimoustiques face à la persistance de l'insecte, toujours présent en cette fin octobre. "J'ai un petit coin de verdure où le soir ils se mettent et on est piqué. Dans la maison, je mets encore des petits serpentins", confie une habitante à BFMTV.

À l'approche du mois de novembre, et alors qu'ils auraient dû disparaître depuis bientôt deux mois, les moustiques font de la résistance dans l'Hexagone. La raison? L'exceptionnel épisode de douceur que connaît le pays depuis la mi-octobre, favorisé par une dépression sur le proche Atlantique permettant à de l'air chaud en provenance du Maghreb et de la péninsule ibérique de remonter sur la France.

Ce jeudi, 29°C sont prévus à Biarritz, 26°C à Clermont-Ferrand ou encore 24°C à Toulouse. Des conditions idéales pour le maintien en vie des femelles moustiques, les seules à piquer l'homme.

"En raison des températures clémentes, les moustiques meurent moins et restent vivants et actifs plus longtemps", explique à franceinfo l'entomologue Didier Fontenille, spécialiste des insectes.

L'espérance de vie des femelles moustiques est d'ailleurs plus élevée lorsque les températures sont chaudes, passant de 30 à 40 jours.

Opération largage de bio-insecticide

Dans les points d'eau, la situation est particulièrement scrutée. Ce sont ces lieux qui sont choisis par les femelles pour pondre leurs œufs. "On a les étangs d'un côté, et il fait chaud. Donc automatiquement, les moustiques sont là", résume auprès de BFMTV un habitant de Narbonne.

Non loin de là, au-dessus d'un étang de la région, un hélicoptère a largué il y a quelques jours un bio-insecticide pour y éliminer les moustiques et les œufs présents. Au sol, Jean-Claude Mouret, coordinateur opérationnel à l'Entente interdépartementale pour la démoustification du littoral méditerranéen, détaille l'objectif de l'opération: "Réduire cette nuisance due aux moustiques issus des zones humides en milieu urbain".

Puis de préciser: "On a eu un été 2022 assez riche sur ce plan-là, puisqu'il y a eu une sécheresse avec la canicule. Les sols se sont asséchés, et les femelles ont pu pondre leurs œufs. Ensuite, nous avons eu des précipitations, fin juin, mi-août et début septembre. Ce sont autant de paramètres qui ont favorisé l'éclosion des œufs et l'apparition des larves".

Le maintien de ces chaudes températures pousse également les Français à continuer d'arroser leurs jardins et leurs plantes, multipliant les possibles réservoirs d'eau où les femelles moustiques viennent pondre leurs œufs.

Bientôt des moustiques toute l'année?

Dernier élément pouvant expliquer le maintien tardif des insectes: le développement des moustiques tigres sur le territoire français.

"Il y a plus de moustiques parce que le moustique tigre a continué son expansion, colonisant donc plus de zones", indique à franceinfo Didier Fontenille.

Cette dernière espèce a la particularité d'être présente exclusivement en zone urbaine, et de s'attaquer aux hommes le jour. Pour les citadins, ils est conseillé de nettoyer régulièrement leurs points d'eau, comme les pots de fleurs.

Mais face à la menace du réchauffement climatique, certains craignent qu'à terme, les moustiques deviennent actifs quasiment toute l'année. C'est en tout cas ce qu'a indiqué à nos confrères de La Dépêche du Midi Grégory L'Ambert, entomologiste médical: "Si ces phénomènes qui tendent à augmenter les températures au printemps et à l'automne perdurent, la plage d'activité compatible pour les moustiques va augmenter".

Jules Fresard