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Environnement

2019 vient conclure la décennie la plus chaude jamais enregistrée, selon un rapport de l'ONU

Le barrage de La Concepcion, au Honduras, qui a déclaré en septembre l'état d'urgence suite à de très forte sécheresses qui ont touché tout le pays

Le barrage de La Concepcion, au Honduras, qui a déclaré en septembre l'état d'urgence suite à de très forte sécheresses qui ont touché tout le pays - Orlando Sierra / AFP

Inondations en Iran, sécheresses en Australie et en Amérique centrale, canicules en Europe et en Australie, feux de forêt en Sibérie, en Indonésie ou en Amérique du Sud... L'année 2019 a été marquée par des phénomènes climatiques extrêmes, mais aussi par des températures nettement plus élevée que la période pré-industrielle.

L'année 2019, avec son lot de catastrophes climatiques, s'inscrira parmi les trois années les plus chaudes enregistrées depuis 1850 et conclut une décennie "de chaleur exceptionnelle", a annoncé mardi l'ONU. Cette nouvelle alerte intervient à l'occasion de la COP25 à Madrid.

"L'année 2019 marque la fin d'une décennie de chaleur exceptionnelle, de recul des glaces et d'élévation record du niveau de la mer à l'échelle du globe, en raison des gaz à effet de serre produits par les activités humaines", selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

Des conséquences bien visibles d'une chaleur extrême

"2019 devrait se placer au deuxième ou troisième rang des années les plus chaudes jamais enregistrées" depuis 1850, date à laquelle ont débuté les relevés systématiques de températures. "2016, qui a débuté avec un épisode El Niño d'intensité exceptionnellement forte, reste l'année la plus chaude", précise l'OMM, en référence au courant équatorial chaud du Pacifique.

L'élévation du niveau moyen de la mer s'accélère, l'océan devient plus acide, la banquise arctique recule, la calotte glaciaire du Groenland fond. Ce réchauffement s'est aussi accompagné de phénomènes climatiques extrêmes, comme les inondations en Iran, les sécheresses en Australie et en Amérique centrale, les canicules en Europe et en Australie ou les feux de forêt qui ont touché la Sibérie, l'Indonésie et l'Amérique du Sud.

Les risques élevés de famine et de migrations forcées

Selon l'Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC), plus de 10 millions de personnes ont été déplacées dans leur propre pays au premier semestre, dont 7 à cause de catastrophes climatiques. Les inondations en sont la première cause, devant les tempêtes et les sécheresses. Les régions les plus touchées sont l'Asie et le Pacifique. "Le nombre de nouveaux déplacements liés à des phénomènes météorologiques extrêmes pourrait plus que tripler pour atteindre environ 22 millions (de personnes) à la fin de 2019", relève l'OMM.

"Les vagues de chaleur et les inondations, qui frappaient jadis 'une fois par siècle', se produisent de plus en plus régulièrement. Des Bahamas au Japon, en passant par le Mozambique, des pays ont subi les effets dévastateurs des cyclones tropicaux. Les feux de forêt ont balayé l'Arctique et l'Australie", rappelle Petteri Taalas, secrétaire général de l'OMM, cité dans le communiqué.

Le secrétaire général de l'OMM insiste aussi sur la "pluviométrie plus irrégulière" qui, combinée à la croissance démographique, "posera des défis considérables en matière de sécurité alimentaire pour les pays vulnérables". Depuis 2018, la faim est de nouveau en hausse dans le monde, avec plus de 820 millions de personnes qui en ont souffert.

"Plus de temps à perdre" face au réchauffement 

L'agence onusienne se base sur les températures relevées entre janvier et octobre pour son bilan provisoire pour 2019, qui sera finalisé en mars 2020. Sur dix mois, la température moyenne mondiale a été plus élevée d'environ 1,1°C comparé à la période pré-industrielle. Ce réchauffement est à lier à des "niveaux de CO2 (qui) ont continué d'augmenter en 2019", selon des données diffus"es en temps réel sur un certain nombre de sites.

2019 s'inscrit dans la décennie 2010-2019 qui est "presque certainement" la plus chaude jamais enregistrée. "Depuis les années 1980, chaque décennie successive a été plus chaude que la précédente", relève l'OMM.

Une hausse qui pourrait aller jusqu'à 5°C

Au rythme actuel, la température pourrait grimper jusqu'à 4 ou 5°C d'ici à la fin du siècle. Et même si les Etats respectent les engagements déjà pris, la hausse du mercure pourrait dépasser 3°C, quand l'accord de Paris de 2015 prévoit de limiter le réchauffement climatique mondial bien en-dessous de 2°C, voire à 1,5°C.

"Nous n'avons plus de temps à perdre", a réagi Stephen Cornelius, du WWF, en référence aux négociations en cours depuis lundi à la COP25 à Madrid. Les Etats "n'ont pas d'excuse pour bloquer des avancées ou traîner des pieds quand la science montre qu'il est urgent d'agir", a ajouté Kat Kramer de l'ONG Christian Aid.

Pour Petteri Taalas, même si les émissions de gaz à effet de serre et les températures continuent d'augmenter, "le monde bouge et le problème est compris". "Il n'y a pas de raison d'être totalement pessimiste", a-t-il assuré devant la presse à Madrid.

J. G. avec AFP