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Environnement

20 centimes/kg: dans les Hauts-de-France, les producteurs de pomme de terre obligés de brader les prix

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Avec la crise du coronavirus, les producteurs de pommes de terre des Hauts-de-France se retrouvent avec d'importants stocks sur les bras. Plusieurs d'entre eux ont décidé de casser les prix.

25 kilos de pommes de terre pour seulement cinq euros. A Orchies, un producteur a décidé de casser les prix pour écouler sa production en vendant le kilos de pomme de terre au prix de 20 centimes seulement. Depuis le début de la crise du coronavirus, privés de débouchés, les stocks s'accumulent. 

Comme lui, d'autres producteurs ont mis en vente à prix cassés leurs production pour éviter de devoir la jeter. C'est le cas à Hames-Boucres depuis ce jeudi ou à Merckeghem à partir de ce week-end. A Seclin, le kilo de pommes de terre bio est également mis en vente à 35 centimes, contre près de 2,50 euros en grande surface.

Des frites deux fois par semaine

Par ailleurs, le week-end dernier, à Spycker, près de 300 clients ont répondu à l'appel d'un agriculteur qui mettait en vente 100 tonnes de patates à seulement 20 centimes le kilo, rapporte France 3 Hauts-de-France.

Décimé par la fermeture des fast-food, restaurants et cantines depuis deux mois, la filière s'est retrouvée avec un excédent de 450.000 tonnes, dont 200.000 qui étaient destinées au marché français et 250.000 à l'exportation, a indiqué jeudi le groupement interprofessionnel de la pomme de terre (GIPT) dans un communiqué.

Traversant "la plus grave crise de son histoire", le GIPT sollicite une "aide d'urgence" de la part du "gouvernement français et de l'Union européenne" afin de "prévenir de graves conséquences sanitaires et environnementales dues aux surplus de stocks de pommes de terre".

Jusqu'à la semaine prochaine

Si des débouchés ont été trouvés dans l'alimentation animale, la filière réclame l'aide des pouvoirs publics pour supporter les surcoûts liés au transport et à la logistique. Au total, 35 millions d'euros sont nécessaires pour rediriger les stocks. 

Stockée chez les producteurs, la production de pommes de terre doit être écoulée avant la récolte prochaine. "Le risque est de voir se développer des dépôts sauvages de déchets de pommes de terre dans la nature, qui sont vecteurs de foyers infectieux de maladies fongiques ou de pollution par fermentation", a affirmé Bertrand Ouillon, délégué du GIPT.

Des dons ont parallèlement été réalisés, mais "ne sont pas suffisants" pour résoudre une "crise d'ampleur industrielle", a-t-il ajouté. Les industriels de la transformation qui ont payé les pommes de terre sous contrat aux producteurs à raison de 150 euros la tonne sans les utiliser, estiment à 200 millions d'euros la perte sèche qu'ils subissent liée à l'absence de vente.

Benjamin Rieth avec AFP