BFMTV
Environnement

115 nouvelles espèces d'animaux et de plantes découvertes dans le Grand Mékong

Une tortue "mangeuse d'escargots", le 19 décembre 2017 sur un marché thaïlandais.

Une tortue "mangeuse d'escargots", le 19 décembre 2017 sur un marché thaïlandais. - Montri Sumontha - WWF - AFP

Vingt-sept nouvelles espèces animales, découvertes dans la région du Grand Mékong en Asie, ont été ajoutées à la liste du Fonds mondial pour la nature (WWF).

Lézard-crocodile, tortue mangeuse d'escargots, antilope au museau maquillé... Le recensement de la faune et de la flore mériterait une sérieuse révision, avec les 115 nouvelles espèces d'êtres vivants découvertes l'année dernière dans la région du Grand Mékong, en Asie. 

Toutes ne sont pas des animaux: 88 plantes ont ainsi été découvertes, aux côtés de onze amphibiens, trois mammifères, deux poissons et onze reptiles, a annoncé mardi le World Wildlife Fund (WWF)

"Alors que la tendance globale est inquiétante, et que les menaces sur les espèces et leur habitat dans la région du Grand Mékong sont importantes, la découverte de ces nouvelles espèces nous donne espoir", commente Lee Poston, de l'ONG, auprès de l'AFP. 

Le Mékong, qui prend naissance sur les hauteurs de l'Himalaya pour finir son cours au Vietnam, donne son nom à cette région tropicale, largement couverte de jungle, qui comprend aussi le Cambodge, le Laos, la Thaïlande, la Birmanie et la province chinoise du Yunnan.

163 espèces découvertes en 2015

Chaque année, les scientifiques du Fonds mondial pour la nature (WWF) annoncent la découverte de nouvelles espèces après un long processus d'évaluation par leurs pairs. En 2015, déjà, 163 nouvelles espèces avaient été découvertes.

Souvent, les chercheurs craignent que les espèces ne disparaissent avant même d'avoir été répertoriées, tant le développement de la région est rapide, avec la construction de routes et de barrages, mais aussi le trafic d'animaux sauvages.

"La biodiversité la plus importante et la plus menacée se trouve dans des pays qui ne possèdent ni les moyens budgétaires ni les infrastructures pour l'étudier", confirme le Muséum d'histoire naturelle dans les colonnes du Parisien

"La découverte de nouvelles espèces suppose d'aller sur le terrain dans des secteurs peu explorés par les scientifiques car le relief y est accidenté ou le pays d'accès difficile", abonde auprès du quotidien Christine Sourd, responsable biodiversité au WWF France. 

"Il y a encore des endroits reculés au cœur de la forêt péruvienne où l'on découvre, à l'occasion de la construction d'un barrage ou d'un pipeline, des oiseaux ou de petits carnivores gros comme des chats que l'on ne connaissait pas auparavant", explique au Parisien François Moutou, président de la Société française pour l'étude et la protection des mammifères. 

Une tortue découverte par hasard

Néanmoins, certaines espèces se cachent sous le nez de ceux qui les étudient. C'est ainsi que sur les 115 nouvelles espèces découvertes cette année (dont 11 amphibiens, trois mammifères, deux poissons, 11 reptiles et 88 plantes), la nouvelle espèce de tortue, dite mangeuse d'escargot, a ainsi été repérée par hasard par un scientifique thaïlandais sur un marché du nord-est de la Thaïlande.

Le lézard-crocodile du Vietnam avait été repéré dès 2003 dans la jungle du nord du pays, mais il a fallu des années pour que les scientifiques réussissent à établir qu'il s'agissait bien d'une nouvelle espèce. Il ne resterait plus que 200 spécimens de cette espèce, menacée par les trafiquants et le développement des mines de charbon.

Un lézard crocodile.
Un lézard crocodile. © Thomas Ziegler - WWF - AFP Photo

Depuis 20 ans, plus de 2.500 espèces ont été recensées dans la région, soit deux découvertes chaque semaine. Un dixième de l'étendue des écosystèmes sauvages de la planète ont disparu ces vingt dernières années, selon un rapport de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publié en septembre 2016.

Le WWF explique la longueur du délai entre la découverte d'une nouvelle espèce et son inscription sur la liste par le fait qu'ils doivent passer plusieurs étapes, des tests d'identification génétique à la comparaison avec les bases de données mondiales pour s'assurer que l'espèce n'a pas déjà été répertoriée ailleurs.

Liv Audigane, avec AFP