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L'UE pointe le risque accru de surchauffe financière dans l'immobilier

Risque de surchauffe financière dans l'immobilier européen

Risque de surchauffe financière dans l'immobilier européen - Philippe Huguen

Selon le Comité européen des risques systémiques, la forte augmentation des prix de l'immobilier dans l'UE, favorisée par des conditions d'emprunt très favorables risque "d'accroître les vulnérabilités liées au revenu des ménages" et "le niveau d'endettement global".

La forte demande de logement en Europe, liée notamment aux conditions d'emprunt très favorables, tire les prix vers le haut et accroît la fragilité financière du secteur, a mis en garde vendredi le Comité européen des risques systémiques (CERS), qui pointe notamment l'Allemagne.

Les banques ont continué à beaucoup prêter aux ménages durant l'épidémie de Covid-19 du fait des taux bas maintenus par la BCE et de l'assouplissement des exigences de fonds propres décidé pour soutenir l'économie durant la crise sanitaire. "A moyen terme, l'impact de la pandémie et des faibles taux d'intérêt risque d'accroître les vulnérabilités liées au revenu des ménages et à la capacité du service de la dette, ainsi que le niveau d'endettement global", selon un rapport de ce comité chargé de prévenir les risques financiers d'ampleur au sein de l'Union européenne.

Le volume des prêts hypothécaires, plus risqués pour l'emprunteur, a lui aussi gonflé, note le CERS. Alors que l'économie européenne a retrouvé un niveau d'avant-pandémie, les autorités nationales "devraient recommencer à envisager la (ré-)introduction ou le durcissement des mesures macroprudentielles" qui visent à limiter les risques systémiques, selon le CERS.

Cadre législatif ou réglementaire insuffisant dans certains pays

En Allemagne, où des études évaluent entre 19 et 23% la surestimation du prix des logements, le comité recommande en particulier d'imposer une limite contraignante au ratio rapportant le montant du crédit à la valeur d'achat du logement. Plus ce ratio est élevé, plus le risque de l'emprunt est important. Plus spécifiquement, le comité a émis deux recommandations (Allemagne et Autriche) et cinq avertissements (Bulgarie, Croatie, Hongrie, Slovaquie et Liechtenstein) dans des pays où le cadre législatif ou réglementaire est jugé insuffisant pour atténuer les fragilités identifiées.

Les recommandations passées du CERS ne produisent pas toujours les effets attendus, pour preuve "les vulnérabilités ont persisté malgré les récentes mesures mises en place pour y remédier" dans plusieurs pays (Danemark, Finlande, Luxembourg, Pays-Bas et Suède), note le Comité. Dans cinq autres pays, dont la France, il estime au contraire qu'une politique "appropriée et suffisante" a permis de calmer la situation.

Le CERS, créé après la grande crise financière de 2008 pour surveiller et prévenir les risques systémiques dans le système financier européen, compte près de 40 membres au sein de son directoire, dont les 27 gouverneurs des banques centrales européennes. Il est présidé par Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne.

P.L. avec AFP