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Vers un prolongement de la CRDS jusqu’en 2042 pour rembourser la "dette Covid"?

Bruno Le Maire à l'Assemblée nationale le 17 avril 2020

Bruno Le Maire à l'Assemblée nationale le 17 avril 2020 - THOMAS COEX © 2019 AFP

Censé être supprimé en 2024, ce prélèvement sur les revenus a déjà été prolongé jusqu'en 2033 en mai et pourrait être maintenu neuf années supplémentaires pour rembourser la "dette Covid".

Activité partielle, fonds de solidarité, plans d’urgence pour les secteurs les plus fragilisés… Conséquence de la crise sanitaire et des mesures prises pour protéger ménages et entreprises, la dette française va s’envoler cette année. Légèrement inférieure au seuil des 100% du PIB en 2019, elle est attendue en hausse de 270 milliards d’euros, à 120,9% de la richesse nationale, fin 2020. Soit l’équivalent de presque 40.000 euros par Français au total.

Lors de la présentation du projet de loi de finances rectificative à l’Assemblée nationale, Bruno Le Maire a assuré lundi que la dette liée à l’épidémie de coronavirus sera remboursée "par la croissance" et "pas par les impôts". "Nous la rembourserons en la cantonnant et en la séparant des 100 points de dette initiale", a annoncé le ministre de l’Economie.

Concrètement, le gouvernement prévoit selon Les Echos d’isoler 150 milliards d’euros de dette publique. Il s’agit de la part qu’il considère comme directement imputable à la crise sanitaire.

Un financement par la CRDS?

"Nous adopterons ainsi, la même stratégie que pour la dette sociale qui a été cantonnée dans la Caisse d’amortissement de la dette sociale – la Cades – et qui sera remboursée d’ici 2033", a poursuivi Bruno Le Maire. En effet, 136 milliards d’euros de dette sociale liée à la crise sanitaire ont été transférés à la Cades en mai. Et c’est vers cette même Cades que la "dette Covid" pourrait être basculée.

Encore faut-il savoir comment la rembourser. D’après Les Echos, la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale) qui est prélevée sur les revenus d’activité et revenus de remplacement pourrait être prolongée jusqu’en 2042. Censé être supprimé en 2024, ce prélèvement de 0,5% a déjà été prolongé jusqu’en 2033 en mai pour rembourser les 136 milliards de dette sociale. Les neuf années supplémentaires pendant lesquelles il serait maintenu seraient donc cette fois consacrées à la "dette Covid".

Cette piste, privilégiée par le gouvernement, lui permettrait de respecter son engagement de rembourser cette dette sans augmenter les impôts. Du moins sur le papier. Car dans les faits, maintenir pendant plusieurs années un impôt pourtant voué à disparaître peut légitimement être considéré comme un renforcement de la fiscalité.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco