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"Un blé 'punaisé'": la France charge la mauvaise qualité des exportations de blé russe

Le cabinet du ministre français de l'Agriculture, qui rentre d'un voyage en Ukraine, ne mâche pas ses mots sur la guerre que mène le président russe sur le front alimentaire.

Depuis le début du conflit en Ukraine, c'est un fait, les céréales, le blé en particulier, sont utilisées par les Russes pour peser sur le plan géopolitique. Le cabinet de Marc Fesneau le rappelle, alors que le ministre français de l'Agriculture rentre d'un voyage officiel à Kiev:

"Comme il le fait avec l'énergie, nous dit-on, Vladimir Poutine utilise l'alimentation comme une arme. Son but est de déstabiliser les marchés mondiaux des céréales, pour que cela atteigne les pays qui sont dépendants des importations de céréales."

L'Ukraine est historiquement un gros producteur mondial de céréales et un gros exportateur, notamment à destination des pays africains. En la bombardant et en bloquant ses exportations par différents moyens, la Russie tente de déstabiliser sa cible et de s'affirmer comme principal fournisseur. Pour le cabinet de Marc Fesneau, "le président russe a une action tout à fait perverse dans ce domaine, qui perturbe l'organisation internationale et qui contribue à l'aider dans la guerre qu'il mène en Ukraine".

Servie par de bonnes récoltes et des prix très attractifs, la Russie est aujourd'hui le premier exportateur de blé au niveau mondial. Elle exporte cinq millions de tonnes par mois, avec "une capacité d'export de 49 millions de tonnes de blé" cette année, soit 23% du commerce mondial, selon le cabinet d'analyse Agritel.

Un blé russe "de mauvaise qualité"

Mais dans l'entourage du ministre français, on n'hésite pas non plus à remettre en cause la qualité du blé exporté par les russes.

C'est un "blé de mauvaise qualité, un blé 'punaisé' (qui a pu être piqué par des insectes du fait de problèmes de stockage, ndlr)", nous dit-on.

Et c'est ce blé "qui abreuve un certain nombre de zones du monde, notamment en Afrique, et qui s'impose avec des prix plus attractifs, plus bas, parce qu'il s'affranchit de tous les contrôles et de toutes les règles." Des grains moins chers, mais "moins bons pour la santé", martèle le cabinet de Marc Fesnau, qui assure ne porter "aucune accusation", mais dresser seulement "un constat sur la Russie qui utilise l'arme alimentaire dans ce conflit."

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Un constat qui explique aussi, selon l'entourage du ministre, que la France ait "tout intérêt à contrer cela en aidant les pays producteurs à écouler leurs produits de meilleure qualité vers les pays qui en ont besoin". "Il faut assurer les commandes de grain pour assurer un équilibre des marchés et ne pas faire le jeu de Poutine", nous dit-on également. Pour protéger, aussi, les exploitants français touchés, forcément, par la déstabilisation des cours de céréales.

Pauline Tattevin