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Serge Papin sur les négociations commerciales: "tout est sous tension actuellement"

L'ancien patron de Système U modère les négociations commerciales entre les producteurs et les agriculteurs. À l'approche de l'échéance, il formule trois propositions pour renouer un dialogue de long terme entre les différents acteurs.

Elles devaient s'achever le 1er mars, elles pourraient finalement s'étendre jusqu'au 15. Les négociations commerciales entre les producteurs, les distributeurs et les industriels sont en effet "sous tension", explique Serge Papin, ancien PDG de Système U, mandaté par le gouvernement pour encadrer les discussions.

Il y a un rapport de force qui fait que chaque année, ces négociations sont de plus en plus dures. Elles sont même brutales. Et c'est l'agriculture qui supporte ça depuis pas mal d'années", résume Serge Papin ce vendredi sur BFM Business. Le médiateur assume prendre le parti des agriculteurs.

"La loi de modernisation de l'économie de 2007 a fait baisser les prix. Mais ceux qui ont porté cette baisse, ce sont les agriculteurs", dénonce-t-il.

Pour résoudre cette situation, Serge Papin formule trois propositions.

Il faut arrêter ces négociations annuelles et passer à des négociations pluriannuelles", conseille-t-il. Et ce afin de favoriser le dialogue et de "donner du temps long" aux partenaires.

Il souhaite également que les matières premières agricoles soient inscrites dans les contrats, "de manière à ce que la cour de ferme touche l'argent qui a été négocié dans le contrat commercial, que ce ne soit pas du ruissellement aléatoire".

Enfin, il recommande que le prix de ces matières premières agricoles soient déterminés à partir d'indicateurs de coûts de production déterminés conjointement par des interprofessions.

Ces trois recommandations sont indisociables, et si on arrive à les mettre en place, on change durablement la donne", conclut-il.

Vers des prix plus élevés?

"Je prends le parti des agriculteurs", assume Serge Papin. Le médiateur se défend pour autant de vouloir faire augmenter les prix.

Dans cette affaire, je ne cherche pas de coupable, je ne cherche que des solutions, insiste-t-il. Mais on ne peut pas faire supporter aux agriculteurs les problèmes de pouvoir d’achat".

Préserver la souveraineté alimentaire

Pour nourrir les Français sans recourir aux exportations alimentaires, Serge Papin défend ainsi l'idée d'une légère hausse du prix des denrées, dans une limite acceptable.

Si Bonduelle paye les légumes plus cher de 5% car ils utilisent moins de produits phytosanitaires, qu'ils sont décarbonés, ça va coûter 1% plus cher aux consommateurs. Ça fait 3 centimes d'euro sur une part de haricots verts", illustre-t-il.

Pour cela, il encourage les consommateurs à "manger mieux plutôt que manger trop et acheter des produits de saison".

Tout le monde doit prendre ses responsabilités, insiste Serge Papin. Il y a le pouvoir d'achat des consommateurs, mais il y a aussi la souveraineté alimentaire avec nos agriculteurs. Il faut qu'on réconcilie les choses. Si on cherche le prix à tout prix, notre pays va en payer le prix".
Samuel Kahn