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Retraites: ces professions qui ont obtenu des concessions de l'exécutif

Plusieurs professions ont déjà obtenu des concessions, qu'il s'agisse de la préservation de certaines spécificités de leur caisse spécifique de retraite ou de la prise en compte de la pénibilité. C'est le cas des policiers mais aussi des pilotes, hôtesses et stewards et danseurs de l'Opéra de Paris.

Alors que le conflit social sur la réforme des retraites est entré hier jeudi 26 décembre dans sa quatrième semaine avec des transports publics à la RATP et à la SNCF toujours très perturbés par les grèves, certaines professions ont d'ores et déjà obtenu des concessions du gouvernement.

Voici la liste des fonctionnaires et salariés du privé ayant bénéficié de propositions ou d'engagements de l'exécutif pour préserver certaines spécificités de leur régime actuel de retraite, tenir compte de leur mode de calcul de leurs pensions ou aménager leur entrée dans le futur système universel de retraites à points.

  • Les engagements reçus par les hôtesses et stewards

Les hôtesses et stewards ont obtenu le maintien de leur caisse autonome de retraite complémentaire, la CRPN menacée de disparition dans le cadre du projet de fusion des 42 régimes existants. Seuls les hôtesses et les stewards né à partir de 1987 seront concernés par le futur système universel de retraite à points. Selon Christelle Auster, secrétaire générale du SNPNC, premier syndicat d'hôtesses et stewards, "une partie de nos cotisations iront dans le régime de retraite universel et une partie de notre surcomplémentaire sera accueillie dans la CRPN". Et d'ajouter, "nous avons également reçu l'engagement que les 5 milliards d'euros de réserves de la CRPN seront conservés". En revanche, l'âge de départ à la retraite à 55 ans pour les PNC (personnels navigants commerciaux, ndlr) va disparaître progressivement pour les générations nées après 1987, pour converger vers 60 ans. Les hôtesses et stewards défendent leur caisse autonome de retraite complémentaire, la CRPN, dotée de 5 milliards d'euros de réserves et menacée de disparition dans le cadre du projet de fusion des 42 régimes existants dans un système universel.

  • Les avocats 

Le gouvernement a proposé aux avocats, très remontés contre le projet de réforme des retraites, de maintenir une caisse propre à leur profession dans le cadre du régime universel, un aménagement qui ne satisfait toutefois pas le Conseil national des barreaux (CNB).

Les avocats veulent conserver leur régime autonome, "solidaire et excédentaire", qui "fonctionne parfaitement" et "ne coûte rien à l'Etat", a indiqué le CNB. Les réserves de leur caisse de retraite s'élèvent à 2 milliards d'euros.

  • Du côté des pilotes

Côté pilotes, le SNPL France Alpa, syndicat majoritaire et lui aussi membre du collectif SOS Retraites, a obtenu le maintien de la possibilité de partir à la retraite à taux plein à 60 ans et le maintien de la CRPN (caisse de retraite complémentaire) "au-delà de trois plafonds annuels de la sécurité sociale", un référentiel qui permet de déterminer la base de calcul des cotisations sociales.

  • Les danseurs de l'Opéra de Paris

Ils vont bénéficier de la "clause du grand-père", autrement dit la réforme des retraites ne s'appliquera qu'aux danseurs recrutés à partir de 2022. Les futurs membres du ballet ne danseront toutefois pas jusqu'à 62 ans compte tenu des spécificités physiques de ce métier et un "créer un dispositif interne de cessation de fonctions qui repose par exemple sur l'aptitude" sera crée. Les autres personnels de l'Opéra bénéficieront d'autres aménagements, puisque la réforme sera appliquée aux générations de 1977 ou 1980.

  • Les policiers gardent leur régime dérogatoire

Les policiers garderont leur régime dérogatoire de retraite avait confirmé aux syndicats le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Ce dernier a contesté le terme de concessions et estimé sur BFMTV que ce maintien avait déjà été évoqué par Emmanuel Macron aux policiers pendant la campagne présidentielle. "Dès lors qu'ils occupent des fonctions régaliennes de protection de la population" et "compte tenu des dangers auxquels ils sont exposés", les policiers continueront à "bénéficier des dérogations à l'âge de départ à la retraite", s'était engagé, à la mi-décembre, le ministre. Il s'est également engagé vis-à-vis des syndicats que la bonification spéciale dite "du cinquième" ou "quinquennale", qui leur offre une annuité (quatre trimestres) de cotisation tous les cinq ans, soit "remplacée par une surcotisation du ministère de l'Intérieur".

  • Négociations à la RATP et à la SNCF

Le gouvernement a mis sur la table des négociations un ensemble de propositions dont une entrée plus tardive que les autres salariés dans le système de retraites à point. La bascule ne concernerait que des personnels nés après 1985 (pour les roulants) et 1980 (pour les sédentaires) dans le système universel de retraite. S'y ajoutent des dispositions permettant une amélioration du niveau de pension par rapport à la proposition initiale, tenant compte du mode actuel de calcul des pensions sur les six derniers mois avant la retraite et un lissage en douceur de l’allongement de l’âge de départ.

  • La promesse du Premier ministre aux enseignants 

Le Premier ministre s’est engagé, le 11 décembre, à ce que la future pension des enseignants reste "comparable au niveau des retraites des fonctions ou métiers équivalents" dans la fonction publique. Cet engagement figurera dans la loi et les revalorisations nécessaires pour maintenir les niveaux de pensions commenceront dès 2021, avait ajouté le chef du gouvernement.

  • Les aides-soignants également concernés 

En étendant aux fonctionnaires le "compte pénibilité", réservé aux salariés du privé, et en prenant mieux en compte le travail de nuit, 20 à 30% des infirmières et aides-soignantes pourront partir avant 62 ans, et, au mieux, à 60 ans, assure l'exécutif. Mais plus à 57 ans. Autre mesure mise en avant par Matignon, le lancement début 2020 d'une "concertation sur l'aménagement des secondes parties de carrière" à l'hôpital pour instaurer un "nouveau dispositif permettant" un temps partiel sans perte de revenus pour les aides-soignantes en fin de parcours.

Frédéric Bergé