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Au salon aéronautique de Dubai, la Chine parade avec ses derniers avions de chasse

Des avions de combat chinois vont créer l'attraction du salon aéronautique de Dubaï, qui s’ouvre ce lundi. Une entrée de la Chine dans ce qui était jusqu'à présente une chasse gardée américaine et européenne.

Un show inédit se prépare pour le salon aéronautique de Dubai (13 au 17 novembre). L’équipe de voltige de l’armée de l’air chinoise, l'unité Bayi, est en effet arrivée aux Emirats arabes unis pour présenter son spectacle aérien lors du salon.

L’agence de presse officielle Xinhua souligne que ce sera sa première apparition au Moyen-Orient depuis que cette unité de sept avions vole sur des J-10 C, un appareil "multirôle", construit par le groupe public Chengdu Aircraft.

La télévision d’Etat CCTV met en exergue, pour sa part, que l’équipe de voltige a parcouru ce voyage de 7.000 kilomètres, pour la première fois sans le soutien d’avions de transport. Un spécialiste à Pékin y voit la "démonstration des capacités opérationnelles indépendantes exceptionnelles" du J-10 C.

L’armée de l’air chinoise a prévu quatre représentations à Dubaï. Pour le quotidien étatique Global Times, qui avance l’avis d’analystes sans les nommer, "l'image de la Chine va être affichée et ainsi offrir des occasions d'échanges militaires amicaux" avec les hôtes, tout en attestant des capacités de la production aéronautique chinoise pour "des clients potentiels au Moyen-Orient".

Benaouda Abdeddaïm : L'équipe de voltige de l'armée de l'air chinoise au salon aéronautique de Dubaï - 10/11
Benaouda Abdeddaïm : L'équipe de voltige de l'armée de l'air chinoise au salon aéronautique de Dubaï - 10/11
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"Epoustouflants"

Il y a six mois déjà, lors de première représentation de l’unité Bayi à l’étranger, en Malaisie, Fu Qianshao, un ancien spécialiste de l’équipement de l’armée de l’air chinoise vantait "la poussée plus élevée et le contrôle plus précis du moteur du J-10 C" désormais développé en Chine, qui permettra à l'équipe de voltige de réaliser des "mouvements plus époustouflants lors de ces spectacles".

Toutefois, il ne s’agit pas que de la présentation des qualités supposées de ses réacteurs, il est aussi rapporté l’installation de ce qui, à en croire la Chine, se réalise de mieux en moyens de guerre électronique, missiles air-air à longue portée, système de suivi infrarouge, etc. Ces cinq dernières années, dans tout son propos extérieur, Pékin ne manque pas de faire savoir combien son constructeur a procédé à une série de modifications et d’améliorations, et cela, dans l’objectif revendiqué de promouvoir l’appareil auprès de potentiels acheteurs étrangers.

Cette communication technique s'accompagne d'une argumentation de politique internationale, celle d'une solide alternative à une dépendance, dans ce domaine, aux Etats-Unis, à l’Europe, également à la Russie, parce que l'offre apparaît comparable aux Soukhoï russes. En mai dernier, à l’occasion du salon aéronautique qui s'est tenu en Malaisie, l'avantage de la diversification stratégique a pu être invoquée par Chengdu Aircraft, en faveur de son J-10 C, lors d’échanges avec une délégation de l’armée de l’air égyptienne, marque d’intérêt qui n’a pas été démentie par Le Caire.

Modèle pakistanais

Les Chinois se prévalent surtout d’une vente inédite à l’étranger. En 2020, le Pakistan a passé commande de 25 appareils, puis l’année d’après, de 11 autres. L’armée de l’air pakistanaise en a déjà réceptionné une vingtaine, même si des politiques et des analystes sur place ont pu exprimer leurs doutes quant à l’intérêt militaire du projet. Ces avions de combat sont, d’une part, destinés à remplacer l'ensemble des Mirage français, acquis par Islamabad à partir de 1968, et, d’autre part, les J-10 C chinois arrivent en complément d’une flotte de F-16 américains, plus anciens, mais que l’on dira de même catégorie.

Pour l’état-major pakistanais, cet équipement vise à pouvoir faire face, le cas échéant, aux Rafale français dont fait l’acquisition l’Inde. Le ministre pakistanais de l’Intérieur, Sheikh Rasheed Ahmad, en 2021 avait parlé d’une "réponse", alors même que la Chine se garde de présenter son appareil comme un outil dans l'antagonisme indo-pakistanais. Aussi parce que Chengdu Aircraft construit un avion de chasse furtif, plus sophistiqué encore, le J-20, qui n'est pas destiné à l’exportation jusqu’ici... Chaque chose en son temps.

L’objet pour les Chinois, pour le moment, est de convaincre d’éventuels clients moyen-orientaux que leurs coûts d’exploitation et de maintenance s'avèrent optimaux, et puis qu'il vaut d'envisager de traiter de telles transactions en yuans. Car, pour l'expert militaire chinois Song Zhongping, le financement d’un contrat d’armement en monnaie chinoise pourrait contribuer à empêcher Washington "d’utiliser le dollar comme outil de répression et de restriction". Cela ne signifierait en rien que l’Arabie Saoudite ou bien les Emirats arabes unis songent alors à acheter le J-10 C, mais le paramètre peut être soupesé.

Benaouda Abdeddaïm Editorialiste international