BFM Business
Décryptage
Partenaire

L’émergence des circuits courts, le renouveau du secteur agricole

[CONTENU PARTENAIRE] L’agriculture française est en train de muter. Pour comprendre les enjeux et les conséquences liés à ce retour à une consommation plus locale, nous nous sommes entretenus avec Guillaume Nanot, directeur général de la société Audanis, cabinet de conseil spécialisé dans la transition des coopératives agricoles.

Qu’elles sont les évolutions du marché de l’agriculture ? Quelles sont les transformations que vous accompagnez ?

Historiquement, l’agriculture avait pour vocation d’assurer la sécurité alimentaire d’un petit groupe de personnes. Depuis le 20ème siècle, il y a eu une massification des bassins de production et les zones se sont spécialisées. C’est ainsi que la France s’est installée parmi les leaders de l’exportation mondiale de céréales.

Aujourd’hui, la tendance s’inverse, les agricultures se diversifient pour revenir vers une production de produits plus variée, tout en maintenant un niveau de technicité élevé. Avec le changement climatique, des espèces peuvent désormais être cultivées à des latitudes où ce n’était pas possible il y a une vingtaine d’année.

Comment accompagnez-vous les coopératives agricoles ?

Notre vocation est d’accompagner les coopératives agricoles dans leur projet de transformation, en réponse aux mutations du secteur. Ces mutations sont aussi bien induites par la modification des habitudes de consommation des Français, que par l’évolution de la législation, comme les obligations liées à la réduction de l’impact environnemental des filières agricoles.

C’est cette combinaison de différents facteurs qui, aujourd’hui, bouleverse l’agriculture française.

Audanis a plusieurs casquettes :

• Nous aidons à la réflexion stratégique, avec une vision économique et financière, nous réalisons une analyse du marché pour trouver le bon modèle permettant à la coopérative d’être pérenne et rentable.

• Nous dessinons les organisations et les processus permettant à la coopérative d’être opérationnelle.

• Il y a aussi une dimension digitale : nous aidons les coopératives à mettre en œuvre un système d’information pour supporter les nouvelles activités et la transition vers un modèle omnicanal. La digitalisation de la relation agriculteurs doit préserver la proximité et améliorer le taux de service sans affecter la performance économique. Une équation complexe qui doit se concevoir comme une mutation progressive et non comme une rupture brutale.

Quel est l’intérêt pour les agriculteurs d’évoluer dans leur manière de produire ?

La diversification permet d’abaisser les risques. En produisant des produits variés, les agriculteurs réduisent la menace de tout perdre à la suite d’un incident climatique ou d’une épidémie animale.

De plus, en proposant une production locale, il y a une réponse directe à la demande des clients. Les habitudes des clients changent et il y a une véritable volonté française de privilégier les produits nationaux.

A cela s’ajoutent différentes tendances qui se sont développées depuis les années 2000, comme l’envie de consommer des produits régionaux ou encore la prise de conscience écologique et la volonté de manger bio. Il y a encore quelques années, les consommateurs se préoccupaient du calibrage des produits (esthétique) au détriment des variétés et de l’identité. Aujourd’hui ils recherchent des produits plus authentiques, quitte à avoir un aspect disgracieux, parfois perçu comme synonyme de qualité.

La conjecture de ces différentes tendances conduit à un retour d’une production plus locale et à la valorisation des circuits courts.

Quel est l’impact d’une consommation locale à l’échelle du pays ?

Aujourd’hui, près d’un fruit et légume sur deux consommé en France est importé. Notre pays peut donc reconquérir une certaine indépendance alimentaire, en particulier sur ses filières maraîchères. Mais pour cela, la logistique et les filières de distribution doivent être repensées. Aujourd’hui un melon cueilli à Cavaillon peut parfois être envoyé à l’autre bout de la France pour être trié et emballé, avant de revenir dans un supermarché de Cavaillon pour y être vendu. Sur ce point, le digital constitue un réel atout pour gagner en réactivité, en agilité et en performance. En matière d’emploi, les exploitations maraichères mobilisent près de deux fois plus d’ETP que les autres productions. Le développement de nouvelles filières pourrait donc recréer des emplois sur les territoires. Pour tout cela, il faudra bien évidemment un cadre politique stable, facilitant les investissements et la création de valeur pour les entreprises.

Ce contenu a été réalisé avec SCRIBEO. La rédaction de BFMBUSINESS n'a pas participé à la réalisation de ce contenu.

En partenariat avec SCRIBEO