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Décarboner la filière construction

[CONTENU PARTENAIRE] L'industrie du béton et l'industrie cimentière sont d'importants producteurs de gaz à effet de serre. Face au défi de la transition énergétique, des entreprises s'emploient à faire progresser l'utilisation du béton à bas carbone. C'est le cas d'Ecocem, dont la filiale française a été créée en 2009. Nous avons posé quelques questions à Conor O'Riain, son directeur général.

Quels sont les principaux enjeux qui traversent actuellement le marché du béton à bas carbone ?

Pour vous donner une échelle de grandeur du défi auquel nous faisons face, après l'eau, le béton est le matériau le plus consommé sur terre. Pour chaque personne sur terre, il y a trois tonnes de béton qui sont versées chaque année, car c'est un matériau parfait pour la construction. Il peut épouser n'importe quelle forme, il est facile à fabriquer, et il y a d'excellents exemples de son utilisation d'un point de vue architectural. Mais il pose une question à laquelle Ecoceml'industrie cimentière et bétonnière doivent répondre ensemble. Pour fabriquer du béton, il faut du ciment, c'est un peu la colle qui assemble tous les éléments du béton. Et ce ciment produit beaucoup de CO2 pendant sa fabrication. Il est responsable de 7% des émissions globales de dioxyde de carbone. L'industrie cimentière est consciente de ce challenge, et a déjà fait d'énormes efforts pour réduire ses émissions globales de CO2, mais cela n'est pas assez pour répondre à la stratégie nationale bas carbone d'un point de vue français, ni d'un point de vue global. Nous devons arriver à impacter ces 7% des émissions globales de CO2, à travers une transformation de la fabrication de ciment. Depuis vingt ans à l'échelle européenne et depuis douze ans en France, nous apportons nos technologies, nos savoir-faire et nos produits bas carbone, que nous mettons au services des bétonniers et de l'industrie de la construction en France.

Quelle place prend l'innovation dans votre activité ?

L’industrie cimentaire est arrivée un peu à la limite de ce que l'on peut faire avec les technologies actuelles. Et depuis sept ans, nous Ecocem réinvestissons 2% de notre chiffre d'affaires dans la recherche et le développement, pour améliorer la performance de nos produits et de nos technologies, créer des produits ayant une performance égale ou supérieure au ciment traditionnel, mais avec une fraction du poids de carbone. Nous avons déjà plusieurs produits et technologies sur le marché, et nous avons un « pipeline » de produits qui arrivent à l'échelle industrielle. Nous apportons aussi un savoir-faire, avec des équipes dont le travail est d'aller voir les clients pour les aider à mieux utiliser les produits. Nous sommes une petite structure, environ 75 personnes en France, et il y aussi une quinzaine de personnes qui travaillent sur la recherche et développement en France. Nous avons des partenariats avec l'ENS de Saclay, nous avons notre propre laboratoire et nous travaillons aussi avec l’INSA de Toulouse, pour bénéficier de la connaissance un peu globale de ce qui se passe dans le domaine du ciment. Nous sommes petits par rapport à l'industrie de la construction française, mais nous travaillons avec les plus grands. Nous fabriquons déjà un béton ultra - bas carbone avec Vinci construction, avec qui nous avons développé un partenariat. Nous travaillons aussi avec Holcim et également avec les grands du béton, comme CEMEX, le plus grand bétonnier indépendant de France. Nous travaillons avec eux sur le développement de technologies pour baisser encore plus le niveau de CO2 dans la construction. Le béton représente environ 35% des émissions de CO2 du secteur de la construction.

Vous utilisez donc le laitier moulu, quelle sont ses caractéristiques ?

Le laitier moulu est le produit principal dans notre gamme actuelle. Dans le marché de la construction il est tout simplement appelé « Ecocem ». C’est un exemple parfait de l’économie circulaire. On utilise un coproduit issu d’une industrie pour réduire l’impact écologique d’une autre : d’un coproduit de l’acier pour remplacer la production de ciment traditionnel.

Quand on fabrique un béton il faut s’assurer de deux choses, qu’il soit résistant et durable. Utiliser Ecocem améliore considérablement ces deux caractéristiques tout en améliorant son apparence, il rend le béton plus lisse, d’une teinte plus uniforme et plus claire.

L’industrie de la construction profite souvent des technologues développées par Ecocem pour assurer une durabilité prolongée du béton dans les milieux les plus agressifs, dans la mer ou dans les sous-sols du Grand Paris par exemple.

Le laitier moulu est une solution excellente pour réduire l’impact carbone le la construction, mais on ne peut pas s’en contenter. Il faut aller plus loin, très vite, et c’est pour cette raison que nous investissons de manière si importante dans la recherche et le développement.

Qu'est-ce qui permet de qualifier un béton comme "bas carbone" ?

Effectivement, il n'y a pas de définition du béton "bas carbone". Il y a de nombreux acteurs, les cimentiers, les bétonniers, les constructeurs, et chacun a sa définition de ce qu'est un béton « bas carbone ». Et en règle générale, moins on utilise de ciment traditionnel dans le béton, plus il est bas carbone. Le béton lui-même ne produit pas de carbone. Au lieu de fabriquer du ciment, nous utilisons d'autres produits pour le remplacer et ainsi réduire le taux de ciment qu'il y a dans ce béton. Le laitier moulu peut remplacer 5% du ciment à l'échelle globale, mais ça ne peut pas être suffisant. Nous avons donc développé des nouvelles technologies qui ont la capacité de réduire les émissions de CO2 de l’industrie cimentière de 50%.

Quels sont les leviers qui existent pour progresser dans cette voie ?

Le dernier rapport de l’IPCC (https://www.ipcc.ch/reports/) ne pourrait pas être plus clair : Il faut que l’on réduise de moitié nos émissions de CO2 sur les 10 prochaines années pour éviter une catastrophe écologique. On a peu témoigné, en particulier cette année, des répercussions néfastes sur le réchauffement climatique. Il faut donc qu’on avance très vite.

Nous avons des partenariats extrêmement constructifs avec les acteurs de la construction en France, qui nous permettent d’avancer beaucoup plus rapidement que seuls. Nos collègues cimentiers et bétonniers ne nous ont pas attendu pour agir. En avançant ensemble, en partageant nos technologies et notre infrastructure, on saura faire face à ce challenge.

Ce contenu a été réalisé avec SCRIBEO. La rédaction de BFMBUSINESS n'a pas participé à la réalisation de ce contenu.

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